Les champs d'honneur
de Jean Rouaud

critiqué par Rotko, le 6 juillet 2004
(Avrillé - 50 ans)


La note:  étoiles
Muettes asphyxies
"L'enfance, c'est mon encrier" dit Jean Rouaud, à une récente rencontre d'écrivains, à Campbon en Loire-Atlantique. D'abord, il fait surgir des figures de famille, avec des traits héroï-comiques, le Grand-Père avec sa 2 CV, la Tante avec ses images pieuses et ses dévotions spécifiques. Avec aussi leurs valeurs, gentiment tournées en dérision : l'autorité, la bonne tenue, la religion. Puis, peu à peu les personnages évoqués, croqués avec malice, prennent un teinte plus sombre. Que de morts et de malheurs, mal vécus par les générations suivantes.
La bruine des débuts, encore joyeuse, fait place aux paysages gelés. Les disparus laissent derrière eux des vides où s'abîment les survivants. Comme un protagoniste du récit parti chercher un proche, mort au front, Jean Rouaud procède à l'exhumation des êtres et des deuils intimes.
Les paysages, les personnages, deviennent ainsi les motifs musicaux d'une grande déploration. Deuil des soldats lentement exterminés à l'ypérite, chagrins et destinées de pauvres êtres, asphyxies de jeunes enfants enfermés dans des maisons trop pleines de souvenirs. La langue soutenue, voire appliquée, devient grave pour évoquer tous ces destins où apparaissent en filigrane les ombres d'une enfance malheureuse. Jean Rouaud crée chez le lecteur des émotions que seuls savent exprimer les vrais écrivains.
Etonnant que personne n'ait parlé de jean Rouaud...
Un peu curieux 7 étoiles

Un très bon roman (mais en est-ce vraiment un ?), assez court, mais au final quand même plutôt dense, que je pensais au départ être un roman sur la première guerre mondiale (la photo de la couverture de la réédition poche est sans équivoque, son titre aussi) mais en fait, si on parle de la première guerre mondiale ici, c'est plus qu'en filigrane, c'est rapidement, comme une arrière-pensée.
C'est plus un roman sur le deuil et la famille, un roman très touchant d'ailleurs, pas forcément super facile à lire malgré le style assez fluide de l'auteur.
Je n'ai pas adoré, mais je ne déconseillerai pas le livre, sauf si on aime les romans remplis d'action ; là, pour le coup, ça serait difficile de ne pas se sentir un peu lésé.
Prix Goncourt 1990, oeuf corse.

Bookivore - MENUCOURT - 41 ans - 15 août 2021


Les humbles, avec des mots d'humbles, et la force des géants. 9 étoiles

Ce roman/chronique/récit/annales, je ne sais pas, est extrêmement bien écrit, et en particulier dans la description des membres de la famille, qu'il a plus ou moins connus, et dont il magnifie les caractères sans pour autant, semble-t-il, les transformer. Le texte parait sans concession, sans mensonge, envers ces gens, sa famille, si profondément humains qu'ils m'ont touché.

Soldatdeplomb4 - Nancy - 34 ans - 18 décembre 2010


Les champs d'honneur des petites gens 5 étoiles

Même si l'auteur a indubitablement un talent d'écrivain, son style ne fait pas partie de mes préférences littéraires. Des personnages, des situations surgissent au fil des mots et des pages. Certains sont surprenants et posent une mélancolie, une rêverie, un sourire, mais tout cela ne me convainc pas. le climat est indéniable, les psychologies bien travaillées, mais il manque un je ne sais quoi de piquant, qui relève la sauce. Peut être s'agit-il d'un style maison, à cheval sur le roman de terroir et le récit de genre. J'ai toujours un peu de mal avec ces écrivains qui relatent au fil des pages le récit de leurs vies, même avec beaucoup de talent.

Hexagone - - 53 ans - 4 septembre 2009


Des gens simples et si beaux … 8 étoiles

Jean Rouaud nous fait vivre, revivre les êtres chers comme j’aimerais le faire moi-même. C’est tout l’art de l’écrivain, le vrai. Il est humain, profond, émouvant et drôle, il comble toutes les attentes du lecteur.

Ichampas - Saint-Gille - 60 ans - 13 septembre 2006


Jean Rouaud 8 étoiles

Il faut lire aussi "Des hommes illustres", "Les champs d'honneur" et "Pour vos cadeaux".
Jean Rouaud est un écrivain merveilleux.

Maria-rosa - Liège - 68 ans - 6 juillet 2004