Les Billes du Pachinko
de Elisa Shua Dusapin

critiqué par Nathavh, le 15 mars 2020
( - 60 ans)


La note:  étoiles
Les billes du pachinko
Premier roman lu pour le prix Horizon qui récompensera un deuxième roman à Marche en Famenne en mai prochain.

Claire est franco-coréenne, elle a trente ans et vit en Suisse, elle parle français et japonais. Ses grands-parents octogénaires vivent à Tokyo, ce sont des zaïnichis, des déportés coréens. Ils ont émigré ici dans les années cinquante lorsque la guerre civile faisait rage. Ils ne veulent pas parler japonais, la grand-mère sort très peu du quartier coréen, le grand-père exploite une salle de Pachinko, ce jeu qui ressemble à un flipper, avec des tas de petites billes, le seul jeu qui n'est pas considéré comme un jeu d'argent.

Claire est venue pour l'été, elle a répondu à une annonce comme répétitrice de français pour une enfant de dix ans, Mieko Ogawa. Son objectif est d'emmener ses grands-parents dans leur pays natal fin de l'été.

J'ai apprécié retrouver l'univers du Japon, Tokyo, Miyajima que j'ai eu la chance de visiter. Le style est épuré, il correspond bien à l'univers de ce roman et de la culture asiatique. Le Pachinko n'aura plus de secret pour vous, tout comme le vécu de nombreux zaïnichis dans les années cinquante.

Ce roman c'est aussi la recherche de ses racines pour Claire, l'histoire d'une belle amitié avec Mieko, l'occasion de s'immerger dans la culture japonaise et dans la démonstration des sentiments. L'auteure d'origine franco-coréenne nous parle de l'exil, de la terre maternelle mais aussi de la filiation à travers quatre personnages féminins.

Un roman sobre, intimiste qui nous parle de l'exil, des difficultés d'intégration, de communication et des différences culturelles. Il est écrit comme de la littérature japonaise avec poésie, retenue, émotion. De jolis ressentis sur l'amitié, les racines et l'amour. C'est sincère, émouvant.

Un joli coup de coeur que je vous recommande vivement.


Les jolies phrases

J'aime le brouillard. Il empêche de voir loin. Il bouche l'horizon. Il donne l'impression qu'on a le temps, qu'on a le droit de ne rien voir. De ne rien voir venir.

On devrait mourir comme la mue des animaux. Plus on vieillirait, plus la peau s'éclaircirait. A la fin, on verrait tout à l'intérieur de nous, les veines, les os, les sentiments, tout. En même temps la peau ferait un miroir. Et les gens se refléteraient en nous avant qu'on finisse par devenir complètement transparent. A ce moment-là, on irait chez son enfant lui donner son dernier souffle.
- Son enfant ?
- Oui; C'est lui qui vit après.

Pour les Coréens du Japon, il n'y a jamais eu de Nord ni de Sud. Nous sommes tous des gens de Choson. Des gens d'un pays qui n'existe plus.