Une maison au bord des larmes
de Vénus Khoury-Ghata

critiqué par Jfp, le 3 novembre 2019
(La Selle en Hermoy (Loiret) - 76 ans)


La note:  étoiles
mon Liban, ma famille…
Un voyage au pays des cèdres, en compagnie de la poétesse Vénus Khoury-Gata. Elle nous parle de sa famille, dans un Liban multiconfessionnel, jouissant tout juste de son indépendance après la fin du mandat français. Une famille déchirée par le terrible destin d’un fils, poète incompris, rejeté par son père et sa communauté, qui après un bref séjour en France finira par être interné dans un établissement psychiatrique. Un récit émouvant, décrivant un monde aujourd’hui oublié, celui d’avant la guerre, cette terrible guerre de quinze ans, jamais vraiment terminée, qui a mis fin au rêve d’un pays où se côtoieraient toutes les cultures, toutes les langues d’un Orient mythique. Une prose fluide flirtant avec la poésie, des images fortes, des sentiments exacerbés que les mots décrivent si bien…
Le frère poète incompris 7 étoiles

Vénus Khoury-Ghata offre un roman bref et poétique qui couvre deux décennies précédant la guerre civile au Liban. C'est une période moins connue des lecteurs qui sert de toile de fond à cet ouvrage autobiographique. L'écrivaine y évoque sa famille, surtout deux figures masculines et antagonistes : son frère poète et leur père au caractère très difficile. Youri, le frère, est incompris et détonne quelque peu dans cet univers. Son éveil sexuel déjà fait débat et entraînera la méfiance de l'entourage alors qu'il s'agit simplement de la découverte de son corps. L'écrivaine alterne des passages narratifs dans lesquels elle convoque des épisodes familiaux et des passages en italique dans lesquels elle s'adresse directement à son frère.

Ce roman est touchant car il est l'expression de sentiments et d'émotions authentiques de Vénus Khoury-Ghata qui sait trouver les mots justes et les images parlantes pour exprimer ses idées. Certaines tournures sont poétiques et montrent l'attrait de l'autrice pour les mots. Ce qu'elle décrit est parfois très dur et intime. Elle ne magnifie pas sa famille, au contraire cette cellule familiale exhibe ses failles, ses silences et sa dureté parfois. Ce frère, figure sacrificielle, est aussi à l'origine de l'acte d'écriture de l'écrivaine, comme si par ce roman elle rendait hommage à ce frère incompris, tout en peignant la naissance de sa vocation.

Ce roman se lit rapidement car les chapitres sont très courts et l'alternance dans l'énonciation permet de voir certains faits de l'extérieur et parfois de l'intérieur quand un dialogue personnel et touchant est créé avec son frère.

Pucksimberg - Toulon - 44 ans - 29 août 2021