Week-end à Zuydcoote
de Robert Merle

critiqué par Elko, le 14 février 2021
(Niort - 48 ans)


La note:  étoiles
Acculés
Zuydcoote, petite ville du littoral du nord de la France. Mai 1940. La plage, le soleil et la mer. Et des milliers de soldats anglais et français.
Fuyant la poussée allemande et cernés par l’ennemi, ils tentent désespérément de prendre le bateau pour l’Angleterre.
Dans cet enfer au paradis, le soldat Maillat erre à la recherche d’une ouverture, d'une opportunité.

Le roman se déroule sur un week-end. Le quotidien côtoie l’absurde et l’horreur. Chacun suit sa propre trajectoire, gravitant autour de ses compagnons d’armes. La déroute plonge les soldats dans une zone grise : sans espoir et sans autorité, la bête affleure l’homme.

Robert Merle nous descend au cœur de la popote, de ses doutes, de ses peurs et de ses espoirs. Principalement structurées autour de dialogues simples, futiles et vains, c’est la solitude qui domine ces pages. L'arrivée imminente de l'armée allemande ainsi que la longue et incertaine évacuation tissent une tension larvée tout au long du récit.

Écrit quelques années après le conflit, le roman a reçu le prix Goncourt.
On pourrait être si bien ici… 7 étoiles

1940. Les armées alliées (Anglais et Français) sont acculées à la Mer du Nord par la brillante manoeuvre des troupes allemandes… le fameux Haltbefhel d'Hilter va leur permettre d'embarquer et de continuer le combat… enfin, si les Anglais vont bénéficier du rembarquement, beaucoup des Français coincés dans la poche de Dunkerque vont devenir prisonniers.
Loin de s'intéresser aux grandes manoeuvres des généraux, le talentueux Robert Merle se place à hauteur d'hommes... impliqués malgré eux dans des événements qui les dépassent.
Un groupe de Français attendent leur capture et campent sur les plages de Zuydcote. Parmi eux Maillat, qui lui ne veut pas de ça et cherche à trouver une place sur un bateau en direction de l'Angleterre. Le lecteur suit les aventures de ce Maillat dans ce petit bout de Flandre qui n'est pas encore occupé: les situations absurdes se multiplient: pourquoi ce canon de 77 allemand tire-t-il encore sur des troupes désarmées? pourquoi cette jeune femme ne fuit-elle pas comme tous les autres civils? La nature humaine se dévoile dans ces moments tragiques: les lâches, les inconscients, les courageux. Il transparaît dans ce roman une certaine idée de la France de 40, celle qui a connu l'Etrange défaite comme l'a nommée Marc Bloch: un certain relâchement, une désinvolture qui explique beaucoup l'effondrement du pays selon moi.
Robert Merle décrit très bien au travers la multitude de dialogue cet état d'esprit mais surtout Week-end à Zuydcoote révèle parfaitement comment les individus se dessinent à la lumière des événements exceptionnels. Ainsi de Maillat balloté d'un point à l'autre de cette bande de territoire bombardée et sur le point d'être submergée: un moment héros, le lecteur le découvre plus loin en salaud. Ainsi sont les hommes semble nous dire l'auteur... ils obéissent avant tout à leur nature et surtout n'échappent jamais à leur destin.

Vince92 - Zürich - 47 ans - 29 septembre 2022


Chef d'oeuvre 10 étoiles

J'avais vu le film de Verneuil, avec Belmondo, Géret, Marielle et Perier, bien avant de lire le livre, et à de nombreuses reprises, aussi n'ai-je pas été surpris en lisant, enfin, l'an dernier, le roman de Merle. J'ai par ailleurs découvert en le lisant qu'il avait obtenu le Goncourt (en 48), sans doute l'avais-je su, mais je l'avais oublié entre temps.
Situé à Dunkerque pendant l'Opération Dynamo de 1940 (le rapatriement par bateaux, parmi lesquels des bateaux de pêche privés, des soldats alliés bloqués sur les plages du Nord ; voir le film "Dunkerque" de Nolan), ce roman est un chef d'oeuvre, le film de Verneuil aussi au passage (très bonne adaptation). Les aventures d'un soldat français (Maillat) et de ses compères, vivotant sur la plage, cherchant à tout prix à passer de l'autre côté de la Manche afin de continuer à se battre contre les Schleuhs...
L'écriture est solide, efficace, le livre est constitué de longs chapitres (heureusement découpés en sous-chapitres, ce qui en rend la lecture facilitée), on n'a pas le temps de s'ennuyer. A lire à tout prix.

Bookivore - MENUCOURT - 42 ans - 26 juillet 2021