La petite pièce hexagonale
de Yôko Ogawa

critiqué par Jules, le 5 juillet 2004
(Bruxelles - 80 ans)


La note:  étoiles
Petit récit intrigant
Un petit livre d’à peine une centaine de pages mais elle semble s’en être fait une spécialité, avec « La piscine » et « Une grossesse ».

Avec cet ouvrage nous entrons dans un monde un peu étrange. La narratrice est dans un vestiaire de piscine et a le regard attiré par une femme que rien ne distingue des autres, sauf ce fait lui-même. Elle se met à lui poser l’une ou l’autre question et n’arrive pas à s’en détacher. Le fait est d’autant plus important qu’elle a rendez-vous à déjeuner avec un jeune homme dont elle nous dit que l’amitié mutuelle qu’ils s’inspirent est au bord de virer vers de l’amour.

Son retard va totalement faire rater le dit déjeuner et elle ne reverra plus le garçon. Elle ne s’en fait pas outre mesure. Quand elle reverra la femme à la piscine, elle va la suivre, ainsi que l’amie de celle-ci. Les deux femmes la mènent dans un endroit bizarre. Elle va y découvrir « la petite pièce hexagonale » ainsi que ses propriétaires.

Nombreux sont les gens qui attendent de pouvoir y entrer et elle constate que certains en sortent vite et que d’autres y restent longtemps. Que fait-on dans cette pièce, se demande-t-elle ? Un jeune homme, fils de la propriétaire de cette pièce, lui dit qu’on y parle. Avec qui ? Seulement avec soi-même, on y est seul et rien ne s’entend de l’extérieur.

Après avoir hésité, elle finira par y entrer à son tour et par parler. Elle va découvrir une ambiance tout à fait particulière et reviendra à de nombreuses reprises.

Ce récit est assez intrigant et attachant et comporte quelques interrogations sur la vie, la mort, le temps, ce qu’on est, ce que l’on croit être etc.

Mais doit-on vraiment conseiller de le lire ?… Pas vraiment, c’est un peu léger…

En outre, j’ai trouvé qu’Ogawa y avait quelques difficultés à relier certaines parties de son récit. Ceci laisse le lecteur un rien perdu pendant quelques lignes et je ne pense pas que c’était voulu.
Un mystère d'évidence 5 étoiles

L'héroïne est une femme un peu perdue qui n'est pas très épanouie et qui va suivre dans la rue une femme mystérieuse bien qu'à l'allure banale croisée à la piscine.
C'est ainsi qu'elle découvrira l'existence de la petite pièce dans laquelle ceux qui en ont l'envie peuvent s'enfermer le temps de lâcher ce qui leur pèse sur le coeur. Temps indéfini quand ainsi que le souligne un des personnages :"La profondeur du coeur humain est sans limites."
Cette petite pièce n'a pas toujours été là, elle apparaît dans une ville puis elle disparaît comme elle est venue pour se retrouver ailleurs, comme si elle allait là où les personnes ont besoin d'elle.
Ce lieu va se révéler un excellent exutoire pour l'héroïne qui finira par y livrer le secret qui encombre son esprit et pèse sur sa conscience. Secret qui aurait déclenché de manière sournoise les maux de dos à cause desquels elle s'astreint régulièrement à fréquenter la piscine.
Un récit court, mais dense, précis. Rien n'y est superflu, le texte va à l'essentiel.
Le style de Yoko Ogawa est assez envoûtant. Un livre impossible à lâcher une fois débuté. Je dirais même en tant que lectrice que j'ai été autant attirée que l'héroïne par cette petite pièce. Elle a fini par me hanter.
Cette pièce ambulante "tout oreille" où se raconter est une sorte de métaphore philosophique de la psychanalyse ou encore de la confession, qui révèle le poids de certains secrets sur notre vie

Voiz'art - - 54 ans - 24 novembre 2022


L'histoire d'un étrange confessionnal à monologues 7 étoiles

Après L'annulaire, voici de nouveau une étrange nouvelle (100 pages) de l'étrange Yoko Ogawa.
La petite pièce hexagonale est une sorte de mystérieux confessionnal en bois géré par un couple de mystérieux gardiens.
On y entre et s'y assoit pour s'y raconter, tout seul : une pièce à raconter, à se raconter.

[...] Il n'y a pas d'erreur dans ce que m'a dit Yuzuru, n'est-ce pas ? Il s'agit bien d'une petite pièce qui ne sert à rien d'autre qu'à raconter. [...] Mais la première fois qu'il m'a expliqué le mécanisme, j'ai été désorientée. Comme jusqu'alors je n'avais jamais entendu parler de l'existence d'une telle chose au monde, je n'ai pas été tout de suite convaincue.

[...] En fait ça ressemble à un monologue, c'est ça ? Une boîte où l'on peut murmurer tout seul autant qu'on veut, dans le style qu'on aime, sans se soucier du regard des autres.

Étrange poésie autour de ses monologues introspectifs : on chancelle à la limite du surréalisme, on reste toujours sur le fil du couteau à sushis entre poésie et fantastique.

Réservé quand même aux amateurs ...

BMR & MAM - Paris - 64 ans - 8 août 2007