Les Chimiques
de Caroline Devost

critiqué par Libris québécis, le 29 octobre 2019
(Montréal - 82 ans)


La note:  étoiles
On se meurt à Tchernobyl
L’explosion nucléaire survenue à Tchernobyl en 1886 a laissé des traces indélébiles. Pourtant, les scientifiques, qui œuvraient à la Centrale, avaient prévu l’éventualité d’une telle déflagration. En avertir les autorités russes était passible d’emprisonnement. Pour échapper à ce sort, Vladimir fuit avec son fils Gricha vers la Roumanie avant d’immigrer au Canada, où il unit sa destinée à Hélène.

Le mal était fait. Le corps des habitants était irradié à jamais causant une mort prématurée. Vladimir cacha ce passé à sa nouvelle femme, qui devint veuve après une courte vie de couple. Il n’en fallut pas plus pour qu’elle aille en Ukraine où vivait la famille de son mari qu’elle aimait plus que tout. Son beau-fils Gricha l’avait précédé pour aller manifester contre le recours au nucléaire à Tchernobyl même. C‘est mal connaître les gouvernants qui ne prennent pas la chance de ternir leur crédibilité aux yeux du reste de l’Occident. Le jeune homme fut vite arrêté et condamné. On ne parle pas des conséquences des explosions nucléaires même si, dans les années 1950, une première avait causé des ravages irréparables à Kychtym en Oural.

En Ukraine, Hélène eut la chance d’être parrainée par son beau-frère Dimitri, dit Dima. Ancien prisonnier de Sibérie, il s’appliqua patiemment à raconter l’histoire familiale du clan et à expliquer la situation dramatique qui prévalait à Tchernobyl. La population mourait comme des rats contrairement à ces rongeurs, qui profitèrent généreusement de l’irradiation. Cette dernière changea leur ADN en les rendant plus forts et plus reproductifs. Chez les humains, les effets furent tout autre. Le sang contaminé détruit les cellules. Un seul point intéressant résulte des expériences pratiquées sur ces rats : un remède contre le cancer. Quand on leur transmet la maladie, leur nouvel organisme peut le combattre.

Ce voyage d’Hélène en Ukraine fut très révélateur, voire au point d’aimer davantage son défunt mari, qui lui avait menti sur ce qu’il était véritablement. Le roman de Caroline Devost est aussi très révélateur pour les lecteurs. Il les sensibilise aux dangers de l’énergie nucléaire qu’on a constatés à Bécancour au Québec où les femmes, habitant autour de la centrale que l’on a démolie, donnaient naissance à des enfants plus mal en point qu’ailleurs.

Le traitement de la thématique est fort louable. L’auteure s’est appliquée à la tâche avec soin. Le bémol vient de l’écriture un peu tordue. Elle manque de fluidité, ce qui aurait été nécessaire vu le grand nombre de personnages qui s’inscrivent sur la trame sans crier gare.