Clapton a tué ma femme !
de Guy Delhasse

critiqué par Catinus, le 23 septembre 2019
(Liège - 73 ans)


La note:  étoiles
Splendide polar liégeois sauce-lapin
Rose Blondiau s’est jeté par une fenêtre de sa villa, à Tilff. Sœur Agnès, une religieuse assez active - et même activiste- charge Denis Lapierre, professeur de religion et célibataire de son état, d’en savoir plus car cette histoire de « suicide » l’intrigue. Notre homme se prend au jeu et enquête à Liège, au Ry-Ponet de Chênée, à Tilff, à Spa, à Stavelot. Il fera la connaissance de sœur Bernadette, jeune et fringante novice qui passe pour prude, le mari de Rose Blondiau, Marine l’amour de sa vie ( chaud !), et d’autres personnages encore comme, par exemple : Jacques Verstraeten, Hélène Delhamende, Jean-Paul le patron du Blues Sphere, Bernard Gheur journaliste à « La Meuse », l’acteur Bouli Lanners, Madeleine Mairlot, et … bibi ( sous le pseudonyme de Panda philosophe) ( voir dans les extraits plus bas).
Ce très agréable roman nous entraîne dans quelques bistrots dont : le Bouquin, Le Blue Sphere , la Taverne Royale, le Shamrock, le Toussaint, le Tchantchès, la Taverne des Artistes, la Taverne St-Paul.
Bref un roman hyper liégeois, rondement mené, qui tient magnifiquement bien la route.
A recommander chaudement !
Ma cote : 8/10 non pardon : 8,5 sur10 !

Extraits :

- Comme moi, brave prof de religion qui sauve des gamines grâce à Jésus et qui est, en réalité, un poivrot doublé à ses heures nocturnes d’un bandeur de première et d’un caresseur doué, m’a dit Marine la dernière fois que je lui ai fait l’amour ici dans le grand lit, sur les hauteurs de Monulphe.

- J’entends Jean raconter le jour en sirotant son petit vin blanc, là au coin du bar. Jean Jour, journaliste connu comme le loup blanc. Il avait le verbe haut et l’accent du pays comme le sirop des hauteurs de la Vesdre. Il racontait toujours ici les mêmes salades bien liégeoises. Jean est parti sans me dire au revoir, sur la pointe de la plume, sans faire de bruit. Et depuis la ville est moins vivante dans sa bonne vieille Gazette comme dans les rues sombres de ce quartier d’Outremeuse qui l’avait vu naître un soir de pluie.

- Ça sonne bien « prof de religion », c’est presque « curé » mais moins. On est avec Dieu tout en étant normal. On est avec la Vierge, les anges, les archanges, les chérubins et tout la foule et nous, contrairement aux curés, on peut baiser, on n’a pas promis de rester dans son coin et de finir par faire avaler son sperme dans les tuyaux de douche du séminaire ou plus tard du presbytères. Car si les presbytères pouvaient parler, ils auraient la bouche pleine de sperme, ça c’est sûr. Car où va le sperme des curés ? Je me suis toujours posé la question et n’ai jamais eu la réponse.

- P. 127. J’ai retrouvé un vieux cama de bistrot. Panda philosophe, un sacré brave type, et on a bavardé à la taverne Saint-Paul, tout au fond, comme si je voulais me cacher. (…) Et j’ai bu une deuxième bière, toujours en bavardant avec mon ami Panda philosophe. Nous avons parlé de tout de rien. J’avais besoin de sa légèreté après le décès accidentel de Jocelyne et la fuite de Bernadette. Avec Panda philosophe, je ne crains rien du monde tant cet homme paraît sans angoisse, sans stress derrière ses lunettes lennnonesques.

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Guy Delhasse est, entre autres, écrivain et journaliste. Il a écrit des romans, des guides de promenades, des essais. Pour plus d’infos, c’est par ici :
http://www.critiqueslibres.com/i.php/vauteur/28045