Zibeline - T1 - Sur l'autre rive
de Régis Goddyn (Scénario), Régis Hautière (Scénario), Mohamed Aouamri (Dessin)

critiqué par Blue Boy, le 22 septembre 2019
(Saint-Denis - - ans)


La note:  étoiles
Aventures sous les tropiques
Pas facile quand on a huit ans d’être le souffre-douleur de son grand frère et d’assumer seule les corvées désagréables. Rêvant de quitter son petit village de brousse, Tannicia va voir ses vœux exaucés de la plus étrange manière… C’est à la suite d’un kidnapping, qui doit en faire la victime d’un sacrifice vaudou, que la petite rebelle va vivre une expérience initiatique hors du commun. Ayant réussi à s’échapper, elle sera pris en charge par un trio atypique avec qui elle deviendra amie : un crocodile, un lion et un chameau. Ceux-ci vont l’aider à retrouver son village, car Tannicia, rebaptisée Zibeline par les trois compères, commence à avoir l’ennui de son papa et sa maman…

Le premier tome de cette sympathique BD jeunesse aux faux airs de conte africain comporte beaucoup d’atouts, ne serait-ce que par son démarrage sur des chapeaux de roues, qui du coup réussit à happer d’emblée le lecteur dans cette folle aventure. Et pourtant, ce n’était pas gagné d’avance. Bien que talentueux dans sa vivacité, le trait franco-belge n’est pas ce qu’on a vu de plus inventif mais cela fonctionne parfaitement ici. Mohamed Aouamri a du talent, ce n’est pas pour rien qu’il a été repéré par Loisel et Le Tendre pour la réalisation du 6e tome de « La Quête de l’oiseau du temps ».

Quant aux personnages de cette série « mi-animalière », ils sont très vite attachants. La gouaille et la personnalité de Tannicia-Zibeline font le reste. Le scénario, co-écrit par Régis Hautière – qu’on ne présente plus – et Régis Goddyn, écrivain de fantasy dont c’est ici la première incursion dans la BD, est bien ficelé, sans temps morts. Et l’air de rien, on est en présence d’une parodie plutôt subtile du pouvoir, où des gorilles imposants mais un peu bêtas sont faits rois par des intrigants de la pire espèce, qui les remplacent à volonté dès lors que leurs marionnettes de monarques ne semblent plus faire l’affaire. C’est futé, moderne et cela pourra plaire autant aux enfants qu’aux adultes.

L’album se conclut sur le journal des aventures de Zibeline, rédigé de façon manuscrite et agrémenté de croquis – on se dit alors que cette petite fille dessine merveilleusement bien, mais que son style est tout de même un peu trop proche du dessinateur de l’histoire…

Cela ne sera pas une raison suffisante pour bouder cette histoire, qui sans aucun doute, procurera du plaisir à ses jeunes – et moins jeunes – lecteurs. Le prolifique Régis Hautière est une valeur sûre (« Aquablue », « La Guerre des Lulus », « Abélard »…), et Mohamed Aouamri un dessinateur accompli. Après avoir dévoré cette aventure pleine d’humour sur les plages –on pourra s’impatienter de rejoindre « l’autre rive » avec le deuxième tome.