Le reste de leur vie
de Jean-Paul Didierlaurent

critiqué par Ludmilla, le 14 septembre 2019
(Chaville - 69 ans)


La note:  étoiles
Un roman qui fait du bien
Ambroise est thanatopracteur (il rend les cadavres plus présentables) et vit chez sa grand-mère, Beth. Il est fâché avec son père, prix Nobel de médecine, qui voulait qu’il soit médecin.
Manelle est auxiliaire de vie auprès de plusieurs personnes âgées.
Je n’en dirai pas plus pour ne pas gâcher votre lecture…

Des personnages attachants, une fable contemporaine pleine d’espoir et d’humanité, qui traite de sujets aussi graves que le vieillissement, la mort, l’euthanasie, sans jamais verser dans le pathos,
Un roman qui fait du bien – comme tous ceux que j’ai lus de cet auteur
à la vie à la mort… 10 étoiles

Un roman qui fait du bien, mettant en scène deux belles personnes, belles au physique comme au mental. L’une, Manelle, s’occupe des vivants, les aidant dans leurs tâches ménagères et leur apportant espoir et réconfort. L’autre, Ambroise, s’occupe des morts, les aidant à prendre les apparences de la vie au moment du grand passage. Ces deux-là, qui n’auraient jamais dû se rencontrer, vont se trouver embarqués dans une folle équipée qui va les conduire dans les couloirs de l’Organisation Mondiale de la Santé (Genève, Suisse). L’amour sera au rendez-vous, comme on s’y attend dès les toutes premières pages, mais on va de surprise en surprise dans ce court roman, bien dans la ligne du "Liseur du 6h27". Humaniste en diable, Jean-Paul Didierlaurent nous montre, de roman en roman, les multiples facettes de son talent de conteur. Ici, il traite avec sensibilité de sujets délicats, la vieillesse et la mort, sans oublier la grande fragilité du corps médical lorsqu’il leur est confronté.

Jfp - La Selle en Hermoy (Loiret) - 76 ans - 17 novembre 2021


C'est un beau voyage 7 étoiles

Manelle Flandin est aide à domicile. Entre Marcel Mauvinier qui chronomètre le temps qu’elle lui "doit"  et cherche à la piéger, Samuel Dinsky qu’elle accompagne chez le neurochirurgien, Hélène et Aimé Fournier qu’elle aide à s’habiller coquettement, Madeline Colot avec qui elle fait les courses et Ghislaine de Montfaucon qui triche pendant son heure de scrabble quotidienne, la jeune femme côtoie une galerie de personnes aussi variées qu’attachantes (ou presque).

Manelle a beaucoup de patience, toujours bienveillante et souvent très attachée à ses personnes âgées. Il lui arrive même de dépasser les limites de ses taches.

Ambroise Larnier, le-fils-du-prix-Nobel-Henri-Larnier est thanatopracteur. Très consciencieux, il aime son travail, redonner au défunt un visage apaisé, pour aider le deuil des proches ; même si les demandes sont parfois surprenantes, que ce soit de la famille ou du futur défunt. Il vit seul chez sa grand-mère, son cancérologue réputé de père l’ayant mis à la porte pour avoir déçu ses ambitions, sa mère décédée d’un cancer généralisé que son spécialiste de mari n’avait pas été capable de déceler. Mais c’est aussi un métier qui isole des vivants :"Tu fais quoi dans la vie ? Dans la vie, je suis dans la mort."

Bien sûr, ces deux jeunes gens charmants vont se retrouver dans le même corbillard, accompagnés de Samuel Dinsky et de Beth la grand-mère, dans un voyage assez spécial.

En commençant ce roman, j’ai eu immédiatement l’impression de l’avoir déjà lu. Vérification faite, j’ai pensé que les personnages étaient peut-être cités dans Macadam, son recueil de nouvelles. Chou blanc ; malgré tout, cette désagréable impression a perduré.
On pourrait évoquer Barbara Constantine ou Gilles Legardinier avec des héros sympathiques, des personnes âgées dynamiques et heureuses pour ce roman qui manque un peu d’originalité à mon goût, mais dont j’ai apprécié, surtout en cette période, la douceur, l’humour, et l’humanité.

Mais ce que je retiendrai de ce livre, ce sont ses belles phrases :
"L’ennui peut être une souffrance, vous savez. Ça s’installe sournoisement avant de venir hanter vos jours et vos nuits comme une douleur sourde qui ne vous quitte plus…. c’est une noyade qui ne prend fin qu’avec le dernier souffle."
"Le pilulier semainier est l’agenda des vieux."

"Puis il ajouta au bas de la feuille ces mots qu’on ne disait jamais, des mots qui restaient emprisonnés dans le fond des gosiers par pudeur, des mots parfois libérés au pied des catafalques lorsqu’il était trop tard, des mots qui valaient à eux seuls toutes les embrassades. Ton fils qui t’aime."

Marvic - Normandie - 66 ans - 10 novembre 2020