Tous entrelacés - Des gènes aux super-organismes : les réseaux de l'évolution
de Eric Bapteste

critiqué par Colen8, le 12 septembre 2019
( - 82 ans)


La note:  étoiles
Hypothèses d’aujourd’hui sur l’Histoire de la vie
Opportunisme, neutralité, contingence, coopération, complexité, caractérisent les processus dynamiques à l’œuvre dans le maelström dont sont issues les premières cellules vivantes procaryotes il y a 3,5 milliards d’années en l’absence d’oxygène. L’évolution foisonnante de créativité depuis lors s’est poursuivie 1,5 milliard d’années plus tard avec les eucaryotes monocellulaires entrelaçant des ancêtres archéens et bactériens à partir desquels ont dérivé les eucaryotes multicellulaires à l’origine des lignées de champignons, de plantes et d’animaux. A noter au passage l’apparition tardive de la photosynthèse des plantes grâce aux plastes il y a 1 milliard d’année seulement.
En parcourant l’échelle des dimensions, la molécule, la cellule, le tissu, l’organe puis l’organisme, enfin l’écosystème, tout n’est que collectifs, interactions, interdépendances. Parallèlement tout n’est que réactions avec boucles de régulations à niveaux multiples que ce soit dans le milieu intérieur ou avec l’environnement. L’évolution darwinienne d’une part, le réductionnisme d’autre part, l’une et l’autre remarquablement féconds voient s’ouvrir une nouvelle page pour expliquer la diversité des espèces. Les évolutionnistes biologiques se doivent de remettre en cause un arbre généalogique remontant à un unique ancêtre commun. Leur approche va changer de dimension au profit de scénarios axés sur le holisme, l’étude des systèmes prenant en compte plus de variables interdépendantes et non plus par exemple le rôle des gènes voyageurs (ou échangeurs) seuls, phénomène courant en microbiologie.
Un nouveau concept fait son apparition, l’holobionte, terme désignant un organisme vivant avec ses communautés microbiennes commensales hébergées massivement dans les intestins, mais aussi par exemple sur la peau, les muqueuses… Son étude, son évolution, ses propriétés, ses actions-réactions nécessitent des équipes inter ou transdisciplinaires rejoignant celles des écosystèmes et de leurs composants familiarisées depuis longtemps avec les évolutions complexes dans l’espace et dans le temps. Outils, modèles, réseaux, données sont à perfectionner ou carrément à inventer pour aborder ce champ de recherche contre-intuitif dont on peut attendre de grandes découvertes.
Les organismes biologiques y compris par conséquent Homo Sapiens constituent des assemblages chimériques, hybrides, changeants, complexes, depuis la nuit des temps et ce n’est pas fini. On a là une vulgarisation passionnante, un peu technique mais pas trop(1), illustrée de schémas ultra simples qui montre les limites de ce qu’on a cru jusqu’à présent être l’origine du vivant sur terre.
(1) Les éléments plus techniques sont développés dans les soixante pages de notes à la fin.