La raconteuse de films
de Hernán Rivera Letelier

critiqué par Cyclo, le 27 août 2019
(Bordeaux - 78 ans)


La note:  étoiles
la magie du cinéma et de la parole
"La raconteuse de films" d'Hernán Rivera Letelier (Chili) se passe dans les salpêtrières du désert d’Atacama au nord du Chili dans les années 50. Maria Margarita est la seule fille de la maison, elle vit avec son père invalide, en fauteuil roulant depuis un accident du travail, et ses quatre frères. La mère les a quittés. Ils adorent le cinéma, mais vu leur budget étriqué, quand un film arrive, ils ne peuvent acheter qu’un seul billet et chacun des enfants va à tour de rôle regarder le film et le raconter au reste de la famille en rentrant. Mais à ce jeu, c’est la petite fille qui se révèle la meilleure. Elle enregistre les détails, les mimiques, les intonations, les costumes, éventuellement brode et invente, et Maria Margarita devient la raconteuse de films, prenant le pseudo de Morgane Féduciné. Bientôt tout le village de mineurs vient chez elle assister à ses prestations, trouvant que c’est même mieux qu’au cinéma. On se bouscule dans la petite maison, et ce sont des jours de relative aisance pour la famille, jusqu’au moment de l'arrivée de la télévision dans les années 60. La jeune fille est recherchée pour ses capacités sexuelles, le père meurt, les frères s’en vont l’un après l’autre, la mine est désaffectée, Maria Margarita devenue adulte met son talent toujours intact au service des touristes qui viennent de temps en temps visiter les anciennes mines qu'elle n'a pas voulu quitter.

Ça commence ainsi : "À la maison, comme l’argent courait plus vite que nous, quand un film arrivait à la Compagnie et que mon père le trouvait à son goût - juste d'après le nom de l'actrice ou de l'acteur principal -, on réunissait une à une les pièces de monnaie pour atteindre le prix d'un billet et on m'envoyait le voir. Ensuite en revenant du cinéma, je devais le raconter à la famille, réunie au grand complet au milieu de la salle à manger." Dans ce triste désert, où tout est régi par la Compagnie, seuls le cinéma, et pour les garçons le foot, font diversion. Mais la petite fille devenue jeune fille est bientôt rattrapée par la réalité, bien éloignée des rêves octroyés par le cinéma. Une belle histoire, un bel hommage au cinéma et au pouvoir de la parole et de l'art de raconter. L’auteur, comme son héroïne, est un conteur hors pair.
Un livre qu'on lit comme un film... conquise 10 étoiles

" La raconteuse de films " d'Hernan Rivera Letelier (144p)
Ed.Maitailié.

Bonjour les fous de lectures....
Et bien voici une belle découverte d'un auteur chilien.
Désert des mines de nitrate d'Atacama.
Anna Margarita vit avec ses 4 frères et son père dans un cabanon de tôles.
La passion de la famille est le cinéma.
Mais les finances étant souvent au plus bas, lorsqu'un nouveau film arrivait sur le site minier, impossible d'acheter un billet pour chacun.
La fillette ayant prouvé ses talents de conteuse, c' st elle qui ira le voir et qui ensuite le racontera à sa famille.
La voici devenue "Morgane Féduciné" ou la raconteuse de films.
Petit à petit ses talents sont connus des autres habitants du site ... "la gloire" se profile à l'horizon....
J'ai adoré ce petit livre bien trop vite lu à mon goût.
Tout est dit en très peu de pages.
L'écriture est belle et fluide, les descriptions juste, brèves loin d'êtres soporifiques.
On ne peut que ressentir de l’empathie pour cette famille un peu déglinguée.
Chaque page se savoure comme un bon film.
C'est beau !
Un véritable coup de coeur
Ne passez pas à côté.

Faby de Caparica - - 63 ans - 21 janvier 2020