Composition française: Retour sur une enfance bretonne
de Mona Ozouf

critiqué par Mimi62, le 26 août 2019
(Plaisance-du-Touch (31) - 71 ans)


La note:  étoiles
Quel peut être le rôle de cet ouvrage ?
Un ouvrage qui ne m'a rien appris, qui ne m'a apporté aucune émotion.
Quel peut donc bien être don rôle ?
Une écriture correcte, certes mais une organisation par trop souvent répétitive, sans que cela conforte quoi que ce soit.

La découverte de la table des matières attise l'esprit, le fait étinceler en initiant l'idée d'un discours structuré, organisé.

Las... ce sera la seule page clairement lisible.

La première partie voudrait communiquer l'implication militante du père de l'auteur (ou son grand père ?) et déjà là, on se perd. Qui est qui ? Qui fait quoi ? Quelles sont les véritables sources de cet engagement. On comprend quand même que cela lui coûte financièrement et que l'auteur en a subi les conséquences dans sa vie d'enfant mais pourquoi narrer cela avec tant de confusion ?

Deux des parties évoquent ensuite l'école laïque et l'église.
Pour la forme, on subit une succession de faits, d'anecdotes. S'il est possible de concevoir qu'il s'agit ici d'une étude et non d'un roman, le lecteur se trouve perdu car tout est fait pour nous persuader qu'il a affaire à un roman or on n'y trouve aucun souffle romanesque, aucune âme que l'on aimerait détester ou apprécier.
Pour le fond,bien que non breton, j'y ai retrouvé tout ce que j'ai connu à travers les récits de mes parents donc rien de spécifiquement breton. Je pense que cette situation a été particulièrement marquée en Bretagne mais rien ne nous le fait comprendre ni ne nous en explique le pourquoi.
S'ajoute à cela le fait que si l'on suppose que l'intention de l'auteur est de vouloir faire partager, initier, attirer le regard sur cette région, cette époque, l'écriture est telle qu'elle ne s'ouvre pas, elle semble vouloir ne s'adresser qu'à des initiés. Des noms de célébrités locales mais illustres inconnus nationaux, ne bénéficient d'aucune indication même sommaire, sauf à quelques rares exceptions près. De même les expressions bretonnes ne sont pas systématiquement traduites, sans parler de la disposition des dites traductions. Ces dernières arrivent en aval, obligeant le lecteur à buter sur le breton, à avancer pour trouver la traduction puis revenir en arrière pour retrouver le sens de la phrase. La disposition inverse aurait permis de comprendre le propos et d'y accoler ensuite l'expression bretonne correspondante.

La dernière partie, à l'exception peut-être des deux ou trois dernières pages, est une longue digression sur la Révolution française. Le contenu pourrait, cette fois, être intéressant mais, comme bien souvent dans ce type d'ouvrage, on se perd dans les circonvolutions du propos, les répétitions, le manque de structuration. Un tel type de traitement se doit d'avoir la rigueur d'un exposé scientifique et l'on se trouve face à un verbiage inefficace, non structuré, dont raffolent les littéraires.
Le sujet présente un intérêt certain mais sa rédaction m'en a fait abandonner la lecture, ne sachant plus de quoi il finissait par être question.

Heureusement que je connais la Bretagne, que je l'apprécie, pour son attachement à ses riches racines et sa culture particulière car cet ouvrage m'aurait plutôt ôté l'envie de la découvrir tant il dégage un sentiment d'exclusion de celui qui n'y connaît rien plutôt que d'invitation de celui qui a envie de découvrir, d'adhérer à cette histoire qui, pourtant, ne demande qu'à être partagée à travers la survivance de nombre aspects de ses coutumes et traditions.

Un exercice universitaire pompeux n'apportant rien et ennuyeux à lire sauf si l'on ignore tout de cette époque. Même dans ce cas, est-il vraiment nécessaire de le lire, n'est-il pas préférable de lire un réel exposé universitaire ou un réel roman ?
On est là bien loin des contenus, de l'articulation, de la vie, de la pétillance d'une conférence d'Albert Jacquard !

Ce type d'ouvrage est censé apporter des réponses ou provoquer des réponses... je cherche encore les unes et les autres.
Sur ce même thème de l'assimilation d'une culture, de l'acceptation dans son lieu de vie, j'ai bien plus appris dans "Sang impur" de Hugo Hamilton