Métaphysique du chien
de Philippe Ségur

critiqué par Sibylline, le 26 juin 2004
(Normandie - 73 ans)


La note:  étoiles
Super titre
« Métaphysique du chien » un titre super et un livre qui l’est…un peu moins.
L’action se passe à Toulouse. Paul, vient d’y manger son chien, mort soudainement qu’il suivait, imitait, et avec lequel il vivait, dans l’espoir d’atteindre la Sagesse Du Chien. Si vous l’ignoriez, cette sagesse a toujours fait rêver l’homme. Jules Stéphan, (qui n’a rien à faire dans cette histoire) l’a résumée en 2 lignes : « Les chiens… j’aime leur liberté d’allure, leur façon de vivre leurs quinze ans en dehors de toute métaphysique » Elle est là, la sagesse que l’homme envie au chien.
Et donc, le personnage central, Paul, suit ce chien errant comme son ombre, menant la même vie que lui, dans le but de parvenir à cette sérénité, et il n’y parvient pas. Quand le chien meurt, au bout de 6 ans, il le mange pour s’approprier ses qualités davantage encore.
Dans le même quartier et le même temps, évoluent d’autres personnages qui ont, avec les chiens des rapports ambigus et forts : la petite vieille au teckel, l’inspecteur au caniche, le voleur de chiens, le « monstre » en survêtement. L’homme et le chien, variations sur ce duo de base.
Pour Paul, personnage central, ces six ans de philosophie canine vont se terminer dans le retour à la société des hommes. C’était une sorte de passage au monde adulte humain. Pour les autres, on ne sait trop comment les choses se terminent, le roman nous laisse imaginer ce que nous voulons. On a suivi Paul de son festin canin à son intégration sociale, c’était lui le personnage, les autres, on n’en a vu que la partie qui entrait dans le décor, sitôt sortis du cadre, sitôt perdus de vue. Je ne suis pas contre le principe.
L’histoire est assez loufoque, assez culturelle aussi, car n’apprenons-nous pas que Restif de La Bretonne a déjà conté l’histoire d’un homme qui avait mangé son chien par amour ? Assez tout cela donc, alors pourquoi suis-je si insatisfaite ? Je trouve que cela est beaucoup moins original que ça n’en a l’air. Pas si nouveau (pas vrai, Restif de la Bretonne ?). Les personnages qui sortent du cadre, ça ne me dérange pas… si au passage, on en a saisi une tranche profonde et vraie, si on en a vu autre chose que le superficiel. Les histoires annexes quant à elles, il faut qu’elles aient une histoire ; et les pensées, il faut qu’on les fouille un peu.
Vers la fin, Paul semble avoir trouvé la clé de la sagesse, mais je n’ai pas trop compris en quoi sa vie s’en trouvait enrichie. C’est que, sur la fin, il me semble que les choses deviennent un peu confuses. On ne peut plus vraiment parler d’aboutissement. Il trouve la réponse à ses questions métaphysiques et d’un seul coup, on n’en parle plus. On plonge dans l’action pure (et même l’agitation) et le livre se termine, et voilà, débrouillez-vous avec cela.

Je ne trouve pas que ce soit un mauvais livre, mais je l’aurais voulu meilleur.

La couverture m’apprend que ce roman a obtenu le Prix Renaudot des Lycéens 2002 et le prix France 3 Cultures et Dépendances 2002 aussi. Pourquoi ne pas le signaler ici ?