Le colonel Pontcarral, ancien officier de la Grande Armée, est assigné à résidence pendant la Restauration dans son pauvre domaine de Fondaumier, dans le Périgord, près de Sarlat. Il vit comme un ermite, ne désirant voir personne. Le hasard va lui faire rencontrer la famille du marquis de Ransac, et en particulier ses filles, la fraîche Sibylle, et son aînée, Madame de Blessanges.
Belle découverte encore une fois que ce Pontcarral, déniché en "bibliothèque verte" par ma moitié dans une boîte à livre, malgré un auteur et un titre absolument inconnu au bataillon pour moi en tout cas. C'était sans doute aussi le reflet d'une d'une époque où Hachette, aux jeunes lecteurs, n’hésitait pas à proposer, ou des classiques, ou bien des écrivains "secondaires" mais d'excellente facture, comme ici avec Albéric Cahuet.
C'est en effet le style de l'auteur qui retient l'attention, un style fin, enlevé, poétique, ça sonne bien quoi, "il y a du niveau" comme dirait ma fille. Qu'on en juge simplement dans la préface de l'auteur qui parle de ce personnage de Pontcarral dont il a fait un roman: "Ce fantôme insolent a hanté ma jeunesse. Je l'ai, je crois, aimé autant qu'il fut, en ces lieux, redouté. Bien des fois, parmi les tertres abrupts interdits aux voitures, dans les mauvais sentiers de pierres où butait mon cheval, j'ai cru voir se dresser devant moi son âpre silhouette".
Le personnage du colonel Pontcarral, dur, âpre, bercé par la gloire défunte de l'Empire, est au cœur du livre. Pontcarral est d'ailleurs très clairement un hommage aux années napoléoniennes et décrit avec beaucoup de tendresse la "vieille garde" qui a tant donné pour l'Empereur. L'ambiance du roman quant à elle, est à la fois badine, romantique, mais aussi marquée par la nostalgie et l'amertume. Celle de Pontcarral bien sûr, mais aussi celle de sa femme, Garlone (surnom de Madame de Blessanges) qui ne trouvera pas finalement le bonheur auprès de lui. C'est d'ailleurs un des points faibles du roman me semble-t-il: je n'ai pas compris ce qui pousse la jeune femme à demander la main du colonel - un ancien "ennemi" qui plus est - alors que la suite montre qu'elle n'a pas d'affection ni d'attirance pour lui, provoquant la déliquescence de leur union.
Malgré ce petit bémol, ce fut une excellent lecture, qui m'a permis de faire connaissance avec un écrivain sans doute un peu oublié.
Fanou03 - * - 49 ans - 13 septembre 2022 |