Les Porteurs d'eau
de Fred Duval (Scénario), Nicolas Sure (Dessin)

critiqué par Shelton, le 13 juillet 2019
(Chalon-sur-Saône - 67 ans)


La note:  étoiles
Puisque l'on parle Tour de France...
L’été c’est fait pour lire et c’est aussi l’époque du Tour de France qui vient de faire escale à Chalon-sur-Saône... Cette course mythique appelle beaucoup de questionnement car il faut bien reconnaitre que depuis des décennies, c'est-à-dire bien avant l’affaire Festina, on sait que de très nombreux cyclistes se dopent. Parfois, certains y laissent leur vie… On pense, entre autres, à ce drame sur le Mont Ventoux en 1967, quand le cycliste Tom Simpson s’écroule… Sa mort est certainement due à plusieurs causes additionnées, dont consommation d’amphétamines en grande quantité, déshydratation et épuisement… Depuis, les contrôles antidopage existent mais sont-ils fiables ? Les tricheurs ont toujours un train d’avance et il ne semble pas que l’on cherche à les faire disparaitre entièrement…

Vous allez me dire que tout cela nous éloigne des livres, de la lecture et de ma chronique quotidienne…En fait, non, on est en plein dans le sujet ! Du moins si vous acceptez de me suivre dans ma lecture de la bande dessinée de Fred Duval et Nicolas Sure, « Les porteurs d’eau », une publication Delcourt dans la collection Mirages.

Tout d’abord, précisons les choses, il s’agit bien d’une fiction et seulement d’une fiction, même si certains aspects de l’ouvrage font penser à une histoire… Ce n’est donc ni une histoire du Tour de France ni une biographie de cycliste et encore moins un procès du dopage… même si…

Deux jeunes, Jérôme Pignon et Florian Cornu, sont en train d’acheter des produits dopants pour les revendre à des cyclistes amateurs ou professionnels, pour se faire de l’argent facile. Ils sont aussi espoir cyclistes et ils comptent bien en profiter… Seulement deux évènements perturbants arrivent pour changer la donne, d’une part les vendeurs sont de la mafia ou du grand banditisme, d’autre part, la douane s’invite à l’échange argent contre produits… Les deux jeunes sportifs inconscients sont pris dans un engrenage qu’ils n’avaient pas vu venir et doivent fuir avec argent et produits…

L’un des deux, Jérôme, vient de mettre le pied dans une histoire qui rappelle celle de son père, un cycliste mort à 37 ans d’une embolie pulmonaire… La plus touchée dans cette affaire sera l’épouse et mère qui voit le drame revenir à grands pas…

On est dans un thriller, dans un road trip étonnant qui nous fait traverser la France pour prendre la direction du Ventoux, dans une affaire policière, dans une histoire violente, dans une recherche d’identité, bref dans une belle bande dessinée profondément humaine !

On est aussi dans une histoire pétrie de culture cycliste qui permet de découvrir certains aspects inconnus du cyclisme professionnel comme ces fameux porteurs d’eau au service des leaders d’équipe, mais aussi de mesurer le fléau du dopage dans le cyclisme amateur avec un club pas très fréquentable du côté de Lyon, des dirigeants assez hypocrites et des jeunes laissés à l’abandon…

C’est une excellente bande dessinée qui vous tiendra peut-être plus en haleine que l’étape du jour dans les Pyrénées et, qui sait, vous en apprendra plus sur la réalité du dopage… Alors comme l’été c’est fait pour lire, c’est le moment de faire le bon choix entre regarder l’étape du jour enfermé dans son salon ou aller en vélo dans la campagne et lire à l’ombre d’un bel arbre…