Les Vikings en France
de Jean Renaud

critiqué par Folfaerie, le 24 juin 2004
( - 55 ans)


La note:  étoiles
les ancêtres des Normands
Pour compléter l'ouvrage de Régis Boyer sur l'Art Viking, voici donc un livre de base intéressant consacré au passage des Vikings en France. Quelques mots sur l'auteur pour commencer. Jean Renaud est professeur de langues, littérature et civilisations scandinaves à l'université de Caen où il dirige le Département d'études nordiques.

Saviez-vous que le drakkar est un nom fantaisiste, inventé par les Français pour désigner les bateaux Vikings dont les proues s'ornaient de têtes de dragons (la racine drak signifie dragon) ? En réalité cette embarcation s'appelait le Knorr.
L'invasion viking ne représente qu'une brève période dans l'histoire de France et s'étale sur un siècle environ, de 800 à 940, mais laissa des traces durables aussi bien dans les esprits (la terreur du barbare nordique) qu'en politique ou sur le plan culturel. Les bases Vikings étaient installées dans tous le pays. En remontant tous les fleuves, tous les cours d'eau, les "barbares" venus du Nord poussèrent très loin leurs incursions à l'intérieur des terres. Souvent, ces expéditions étaient facilitées en raison du contexte politique. Par exemple, les Bretons cherchèrent à nouer des alliances avec les Vikings pour contrer le pouvoir royal. Les abbayes et autres édifices religieux furent souvent les premières cibles de ces peuples venus du froid, si bien que c'est aux gens d'Eglise que l'on doit cette imagerie populaire, du barbare blond, coiffé de son casque rond, pillant, tuant et violant sans jamais épargner qui que ce soit.

Evidemment, la réalité était quelque peu différente, et le plus bel exemple que l'on puisse donner est celui de la Normandie.
Un chef Viking du nom de Hrolfr, qui pillait la région, et eut même l'audace d'assiéger Paris, fut finalement reconnu par le traité de Saint-Clair sur Epte, en 911, par lequel Charles le Simple lui conféra le titre de duc et prince de Normandie. Hrolfr prit alors le nom plus chrétien de Rollon et sut apporter paix et prospérité à son petit royaume. La plupart des Normands ne sont que les descendants de ces envahisseurs.

Sur le plan archéologique, peu de vestiges malheureusement, et les plus beaux sites vikings se trouvent principalement en Bretagne. En fait, ce sont surtout les traces d'ordre linguistique et toponymique qui nous restent.

Le livre est enrichi de photos, de cartes et de gravures anciennes, et constitue une première approche de qualité pour le lecteur qui s'intéresse à cette civilisation.
Prédateurs nordiques fondateurs de la Normandie 7 étoiles

La présence Viking attestée par une historiographie dispersée n’en donne qu’un aperçu partiel. Il y manque une version émanant des envahisseurs, laquelle n’existe pas. Durant les IXe-Xe siècles les incursions dévastatrices de ces hardis navigateurs guerriers n’auront épargné que peu de régions dans un pays fragmenté par les conflits de successions au sein de l’empire carolingien.
En dehors de la sépulture de Groix en Bretagne l’archéologie a révélé peu de vestiges de leur longue présence, principalement quelques artéfacts d’épées et de fibules. Il en reste une part de légendes, quantité de toponymes de l’intérieur, de termes côtiers ajoutés à ceux des bateaux et de la navigation, enfin quelques patronymes mais peu de vocabulaire courant.
En 911 le roi franc Charles le Simple céda le comté de Rouen à leur chef Rollon en échange d’une protection durable. Le Duché de Normandie élargi à la suite de conquêtes ultérieures vivra une histoire illustre par l’entremise de son descendant et successeur Guillaume le Conquérant. Quant à la Bretagne qui aurait pu suivre un chemin similaire elle a réussi à conserver son indépendance.

Colen8 - - 82 ans - 27 novembre 2022