Sous la vague
de Anne Percin

critiqué par Alma, le 24 juin 2019
( - - ans)


La note:  étoiles
« Tout foutait le camp, avec constance, avec détermination »
ll y a des moments comme ça dans la vie , où tout va mal …....
C'est le cas pour Bertrand-Berger Lafitte, PDG d'une entreprise familiale de Cognac haut de gamme .
A la suite du tsunami et de la catastrophe nucléaire de Fukushima, la Bourse dégringole, son commerce avec le Japon est compromis . Au Conseil d'administration sa gestion est contestée et son siège de PDG est menacé . S'il n'y avait que cela !
De retour au château familial, « monde clos et séculaire, un domaine protégé du monde », il constate que le salon et la cuisine sont dans un surprenant état .Sa fille Olivia qui mène une vie de jet-setteuse branchée a organisé une dark party, de plus celle-ci lui apprend qu'elle est enceinte …...d'un ouvrier de l'usine de ce fameux cognac !
« Qu'est -ce qui se passe dans ma vie ? Tout me fuit ! Tout s'en va ! «  s'exclame « Monsieur »
Comment réagir face à ce tsunami ?
Monsieur décide ….de ne rien faire, de rester au château et de se mettre aux abonnés absents, en congé du quotidien « Si on me demande, vous direz que je suis à Zurich » confie-t-il à Eddy son fidèle chauffeur qui fait également office de majordome . Fidèle, peut-être pas si fidèle que ça , on se demandera en cours de lecture s'il ne joue pas double jeu .

Tantôt Monsieur flâne sur ses terres, tantôt reste prostré dans sa chambre, goûte aux trésors du Paradis : la cave où sont stockés les réserves du meilleur cognac, fait l'expérience de ce « tabac au goût étrange » dont Eddy se fait des cigarettes, ou se retrouve à bavarder avec ses employés .
Il se replonge dans son passé, dans son enfance, tentant « de ramener à lui des bribes de sensations oubliées , comme on récupère dans la nuit un drap pour se couvrir ». Dans cette période de lâcher-prise, ses priorités ne sont plus les mêmes ….
J'ai trouvé à ces quelques semaines de parenthèse dans une vie une saveur délicieuse. Un cocktail où alternent scènes cocasses et instants de douceur, de tendresse qui permettent de goûter à la douceur des choses. S'y mêlent des moments hors du temps, comme en apesanteur où s'abolissent les frontières entre réel et imaginaire

L'auteur a eu la bonne idée de laisser ouverte la fin du livre . Libre à chacun d'interpréter les dernières pages.

A la fin du roman, Anne Percin remercie Mr Hennessy qui, pendant les rencontres de Littérature européenne de Cognac avait encouragé les auteurs présents « à mettre du cognac » dans leur romans
Anne Percin a suivi ces conseils, et cela lui a réussi .