Lefranc, Tome 30 : Lune rouge
de François Corteggiani (Scénario), Christophe Alvès (Dessin)

critiqué par Shelton, le 14 juin 2019
(Chalon-sur-Saône - 68 ans)


La note:  étoiles
Classique que l'on aime ou pas...
Je suis un lecteur de la série Lefranc presque depuis ses débuts. En effet, la série a été créée par Jacques Martin en 1952 dans le Journal de Tintin avec un premier épisode fantastique et qui rencontra le succès dès le départ… Je n’ai lu cet album que vers 1965 mais j’ai aimé tout de suite et depuis je suis très fidèle à cette série et ce personnage. Même après la mort de Gilles Chaillet (dessinateur de Les portes de l’Enfer et jusqu’à Le vol du Spirit) puis celle de Jacques Martin (2010), j’ai continué à lire même quand certains se plaignaient de la qualité des reprises… Aussi, à chaque sortie je suis là…

Tout d’abord parce que j’aime le personnage central, Guy Lefranc, journaliste au Globe (une sorte de « Le Monde » mais dans l’univers de la bédé) et que je trouve qu’Axel Borg est un « méchant » à la hauteur du héros… C'est-à-dire que parfois, on lui trouverait presque quelques qualités, quelques attraits…

J’aime aussi parce que cela me ramène à mon adolescence… Oh, ce n’est pas la seule bande dessinée qui a cet effet sur moi, mais elle en fait bien partie… Ma madeleine de Proust, du moins dans les livres, c’est quand même une grande bibliothèque dans laquelle il y a des romans, des essais, des livres jeunesse et des bandes dessinées… C’est ainsi, on ne se refait pas à plus de soixante ans !

Cette histoire, Lune rouge, commence à la fin des années cinquante en pleine conquête de l’espace, que dis-je, en pleine guerre entre Américains et Soviétiques. Qui sera le premier à envoyer une fusée habitée sur la Lune… C’est plutôt d’actualité au moment où on s’apprête à célébrer l’anniversaire des premiers pas de l’homme sur la Lune…

Ici, dans cet épisode des aventures de Lefranc, on n’en est pas encore là. Il s’agit pour le journaliste d’aller interviewer le savant Lukas Eugen Messmer… seulement, il est enlevé juste avant par… Axel Borg, bien sûr !

Guy Lefranc est alors embarqué dans une opération de récupération du savant par la CIA… Direction l’Asie… Bref, la grande aventure ! Tout cela est passionnant, peut-être pas toujours très réaliste mais qu’importe le flacon pourvu que l’on ait l’ivresse de l’aventure !

Le dessin de Christophe Alvès reste fidèle à la tradition de Martin même si, d’album en album (je crois qu’il signe là son troisième opus), on trouve sa marque personnelle qui s’installe. Il ne fait plus du Martin, mais du à la manière de Martin par Alvès. Je trouve cela très sympathique, plus vivant, plus dynamique…

La grande page de la découverte de la fusée sur son pas de tir m’a semblé être une sorte d’hommage à Hergé et sa fusée dans Objectif Lune… Normal, car comment ne pas penser à cette histoire de Tintin et ses amis quand on raconte la conquête de la Lune par l’homme… Tintin fut bien le premier à fouler le sol de ce satellite de la Terre… Non ?

François Corteggiani maitrise son scénario, s’est parfaitement glissé dans le moule du scénariste Jacques Martin et, franchement, on en redemande !

J’entends bien que tous les lecteurs ne sont pas satisfaits, mais quand il s’agit de Lefranc, je ne suis pas entièrement objectif et j’assume… C’est ainsi, faute avouée et à moitié pardonnée, non ?

Donc, bonne lecture à tous !
Incohérences scénaristiques. 4 étoiles

En pleine guerre froide et alors que les deux super puissances américaines et soviétiques sont entrées en compétition dans la course à la domination mondiale, les communistes parviennent à prendre un avantage décisif en envoyant dans l’espace un vol habité. La prochaine étape dans la course à l’espace est de pouvoir envoyer un équipage sur la Lune. Pour cela, les Soviétiques s’emparent d’un scientifique allemand réfugié en France après la guerre… malheureusement pour eux, Lefranc avait justement prévu d’interviewer le professeur Messner. Le célèbre journaliste va être mêlé à une affaire gigantesque : torpiller le programme spatial soviétique…
Si la première partie de l’album est bonne, toute la phase durant laquelle Lefranc évolue dans la base soviétique est tirée par les cheveux… dommage. J’ai apprécié le prologue durant lequel les Soviétiques s’emparent de Messner, les quelques planches durant lesquelles les auteurs infiltrent Lefranc et les agents de la CIA en pleine Corée du nord, ces vignettes rappellent un peu les meilleures aventures de Buck Danny et ce malgré les premières incohérence du scénario (pourquoi donc l’agent de la CIA insiste pour qu’un journaliste se joigne à une mission top secret et presque suicidaire… pourquoi donc Lefranc accepte-t-il ?). En revanche, la confrontation de Lefranc avec Borg est trop scriptée, le lecteur a déjà vu ces développements dix fois… manque d’originalité et manque de cohérence font de cette seconde partie et de cet album une déception générale.

Vince92 - Zürich - 47 ans - 27 décembre 2021