Roman
de Patrick Lafontaine

critiqué par Libris québécis, le 8 juin 2019
(Montréal - 82 ans)


La note:  étoiles
Sur la route de San Francisco
Entre Longueuil au Québec et San Francisco, la route est longue pour l’auteur-narrateur même avec son chien Paulma, clin d’œil au poète Paul-Marie Lapointe. Le parcours avale non seulement des kilomètres, mais aussi des pans de vie comme professeur et mari d’une collègue qui s’est retrouvée sur la côte ouest américaine.

Patrick Lafontaine profite de son long périple pour remonter le fil de son amour pour une femme qui désire un enfant. Affichant encore la cicatrice d’une enfance malheureuse, il refuse de jouer au concert de la paternité. Mais qui sait si au terme du voyage, il n’aurait pas mûri le projet de former un couple fécond. Mourir à un passé antagoniste pour nourrir un demain prometteur. Quand la route est longue, les méninges sont fort sollicitées de chambre de motels en McDo pour combler les heures en réflexions sur la vie, l’amour et l’écriture.

S’emmêle à cette trame un filage sibyllin entre le narrateur et Roman Lioudbimovka, l’un de ses étudiants qu’il héberge. Ce passage cryptique laisse le lecteur pantois. Qu’en est-il au juste du trio prof, adolescent et sa mère ? Ces personnages sont abandonnés en cours d’écriture, mais ça laisse entendre que l’orientation sexuelle du protagoniste est ambivalente. Hésite-t-il entre Roman et sa femme ? Le dénouement répond à la question.

Roman cabalistique qui plonge dans l’univers d’un homme qui se cherche des repères. L’écriture poétique et dense, mais amphigourique n’aidera pas à attirer l’empathie du lecteur pour la quête du personnage principal. À force de « garder ses mots », comme l’écrit l’auteur, on en vient à perdre son cheminement vers « le ventre ouaté de l’Amérique ». Cheminement qui, comme sur la route de Compostelle, doit se faire dans le recueillement et le silence.