L'Humanité en péril - Virons de bord, toute !
de Fred Vargas

critiqué par Ludmilla, le 3 juin 2019
(Chaville - 69 ans)


La note:  étoiles
« Nous, les Gens », agissons !
Fred Vargas n’est pas que l’auteur des romans policiers avec le commissaire Adamsberg, elle est aussi archéozoologue et médiéviste. Elle a utilisé ses compétences de chercheuse pour explorer des données et analyses sur la situation actuelle et future de notre planète. (25 pages de références bibliographiques)

Fred Vargas utilise un style qu’on peut ne pas apprécier, mais qui, à mon avis, rend ce livre plus lisible que ne le serait un essai « classique ».

L’épuisement des ressources non renouvelables
Je suppose que, comme moi, vous avez entendu parler de l’épuisement du pétrole. Mais savez-vous que 16 matériaux et hydrocarbures devraient être épuisés entre 2021 (oui, 2021 !) et 2040
- l’argent (le métal) (2021-2022)
- l’antimoine (2023-2025)
- …

Savez-vous que :
- 70% de l’eau douce disponible sont prélevés par l’agriculture et l’élevage industriels ?
- l’Europe est la région du monde qui génère le plus de déforestation ? (par ses importations, en particulier le soja pour la France)
- les biocarburants sont une fausse bonne idée : déforestation, perte de cultures vivrières

Une lecture déprimante, mais pas seulement. En effet, Fred Vargas, après avoir listé ce que devraient faire d’urgence les gouvernants du monde, nous fournit plusieurs pistes d’actions parmi lesquelles:
- diminuer drastiquement notre consommation de viande (le geste qui a le plus d’impact pour réduire notre consommation carbone pour le WWF)
- refuser les biocarburants
- élire des candidats porteurs d’un véritable programme écologique
- et bien d’autres

Un livre à lire pour ne pas dire « je ne savais pas » - et pour agir à notre niveau!

« C’est contre cette désinformation intolérable que je désire lutter, à la hauteur de mes petits moyens »
Un coup de gueule chiffré 4 étoiles

Fred Vargas est exaspérée par la situation à laquelle l’humanité a abouti, comme nous tous probablement, mais elle, elle le dit, enfin l’écrit. C’est l’objet de cet essai.
Tout est parti d’un court texte écrit il y a déjà 12 ans, c’était en 2008. Son engagement ne date donc pas d’hier :

»Nous y voilà, nous y sommes.
Depuis cinquante ans que cette tourmente menace dans les hauts-fourneaux de l’incurie de l’humanité, nous y sommes. Dans le mur, au bord du gouffre, comme seul l’homme sait le faire avec brio, qui ne perçoit la réalité que lorsqu’elle lui fait mal.
Telle notre bonne vieille cigale à qui nous prêtons nos qualités d’insouciance. Nous avons chanté, dansé. Quand je dis « nous », entendons un quart de l’humanité tandis que le reste était à la peine. »


Cet essai, à l’époque, a eu un certain retentissement, a fait le tour du monde et fut lu à l’ouverture de la COP24, en 2018. Du coup, elle a décidé de développer les idées qui y étaient exposées, et pour ce faire, en bonne scientifique de formation qu’elle est (docteur en archéozoologie), elle s’est documentée, a collecté des informations, toujours davantage d’informations, de données (405 références bibliographiques in fine !) et a tâché d’ordonner tout cela et d’en tirer des conclusions.
Une trop vaste entreprise manifestement, sur le mode « qui trop embrasse, mal étreint », qui met clairement en lumière – à mes yeux – que la situation est inextricable tant que l’homme reste un homme et prétend vivre comme nous en sommes arrivés à vivre.
Mais ce n’est pas la conclusion qu’en tire – contre toute attente – Fred Vargas. Elle ne veut pas désespérer le monde, ni elle par-dessus le marché, et elle conclut en tirant des propositions, pour les Gouvernants d’une part, et pour « Nous, les gens », le vulgum pecum, plus à même d’entreprendre des actions concrètes que les susdits gouvernants (et ça c’est vrai, pour la bonne raison aussi qu’il est plus facile d’agir ponctuellement et à son niveau que d’envisager des changements – douloureux – sur un plan global. Indispensable pour autant.)
Elle met pourtant en évidence que pratiquement chaque correction qu’on voudrait apporter pour supprimer une nuisance ou du moins la diminuer, contient dans son essence sa propre nuisance. Et que notre monde humain est devenu tellement artificiel qu’à moins de renoncer à tout, ou presque …, pas de solutions.
On est un peu dans le cas de figure du propriétaire du chalet qui répare le robinet qui fuit quand l’avalanche a démarré et est sur le point d’engloutir son chalet !
Que nous soyons maintenant 7,5 milliards d’individus sur Terre et que les 10 milliards soient pour bientôt est patent. Et j’ai bien peur personnellement que le nœud du problème soit là et pas ailleurs …
N’empêche, si vous voulez des données chiffrées sur certains aspects des dangers qui nous menacent, l’œuvre (œuvre car elle a dû y consacrer un paquet de temps) est pour vous. Mais n’y cherchez pas de solutions définitives. Des accommodements à la marge tout au plus. Mais les 10 milliards, c’est pour demain …
Une lecture plutôt aride, comme un règlement de compte avec le désespoir.

Tistou - - 68 ans - 26 décembre 2020


Une "espérantiste" 9 étoiles

S’il se trouve aujourd’hui des enfants ou des adolescents pour, à l’instar de Greta Thunberg, interpeller vivement les grands de ce monde et, en particulier, les gouvernants à propos du devenir de la Terre, on compte aussi, heureusement, un certain nombre d’adultes des plus qualifiés résolument engagés dans ce combat (au premier rang desquels il faut, bien sûr, compter le pape François et son encyclique Laudato Si). Parmi les adultes engagés, il est également une auteure de romans policiers à succès, Fred Vargas, qui, dès 2008, a exprimé, en un texte bref mais percutant, ses inquiétudes devant l’urgence des changements à opérer pour sauver ce qu’on peut encore sauver du vivant sur notre planète. Cet appel à une Troisième Révolution (après la Révolution néolithique et la Révolution industrielle) avait été si remarqué et si partagé sur les réseaux sociaux que son auteure s’est résolue à approfondir le sujet et à le développer en un livre.
D’une certaine façon, Fred Vargas, ce faisant, ne rompt pas avec sa production habituelle. Car c’est bien d’une sorte d’enquête criminelle dont il s’agit, sauf que, en l’occurrence, c’est l’humanité tout entière qui est menacée de mort. C’est le Vivant, tout le Vivant, qui est en danger de disparition. Et, comme le dit et le répète l’écrivaine, nos gouvernants savent ce qu’il va advenir de la Terre et pourtant, ils ne font rien ou pas grand-chose : « tous sont informés du cataclysme qui fonce sur la Terre » et, cependant, c’est l’inertie qui domine, quand ce n’est pas le déni (à l’exemple des sinistres Trump ou Bolsonaro !). Les COP successives n’y changent pas grand-chose, tant les dirigeants restent soumis aux divers lobbies (en particulier ceux de l’agro-alimentaire) : ainsi d’Emmanuel Macron, entre autres, Macron dont la campagne à la Présidentielle fut financée en partie par la firme Bayer-Mansanto, fabricante de « terribles substances tueuses ».
La liste des périls auxquels l’humanité sera confrontée dans peu de temps, dans quelques années, a de quoi faire froid dans le dos. La crise du coronavirus, que nous subissons cette année, ressemblera bientôt à un épiphénomène de peu d’importance par rapport à ce qui va survenir. Dans son livre, Fred Vargas énumère les calamités à venir et prend soin d’étayer chacune d’elles au moyen de chiffres et de sources fiables. Elle a mené un véritable travail d’enquêtrice et son constat est sans appel : c’est à nous de réagir dès aujourd’hui, de changer nos modes de vie, sans attendre le feu vert de nos dirigeants, si nous voulons que la vie puisse perdurer sur la Terre.
Face aux menaces, Fred Vargas distingue quatre sortes de réactions et de comportements. En premier, le déni, l’évitement, le refus de savoir. En deuxième, ceux qui, au contraire, se préparent avec fatalité à l’effondrement de la vie sur Terre (on les appelle souvent « collapsologues »). En troisième, les « survivalistes » qui anticipent une catastrophe totale imminente et inventent des moyens de s’en sortir. Enfin, en quatrième, les « espérantistes » qui, conscients des grands bouleversements inéluctables, espèrent que, au moyen d’actions actuelles et à venir, ils pourront en diminuer, le plus possible, la gravité.
Fred Vargas se situe clairement dans cette quatrième catégorie. De ce fait, son livre, s’il ne dissimule aucun des fléaux qui risquent de s’abattre sur l’humanité (et sur tout le Vivant), comporte aussi, fort heureusement, toutes sortes d’actions à mener dès aujourd’hui pour amoindrir, autant que faire se peut, l’impact des grandes mutations qui surviendront dans un futur très proche. Le livre de Fred Vargas est un ouvrage d’avertissement, ou d’alarme, certes, mais c’est aussi un livre d’espoir. Encore faut-il que commencions dès aujourd’hui à changer nos habitudes, sans attendre que nos dirigeants nous commandent (car ils ne le feront pas, ou ils le feront quand ce sera trop tard). Si c’est nécessaire, écrit Fred Vargas, il faudra même en venir à la révolte : « Cette révolte, je l’appelle de mes vœux et je l’espère massive et mondiale. Portant alors au pouvoir des hommes et des femmes pleinement impliqués et déterminés. »

Poet75 - Paris - 68 ans - 11 juin 2020


Tout fout le camp 3 étoiles

J'adore Fred Vargas, et je suis persuadé que la planète file tout droit dans le mur.
Quand j'ai vu en vitrine ce livre, je n'ai pas hésité une seconde à l'acheter.
Quelle déception !
Les idées sont là, mais c'est un fatras d'informations, mêlées les unes aux autres, sans aucune hiérarchisation.
Les argumentaires se perdent dans des chiffres inutiles.
L'écriture est lourde, pénible, heurtée? Avec une histoire incompréhensible de robot d'aide à l'écriture.
C'est pas ce bouquin qui va convaincre les incrédules.
Il convaincra juste que Fred Vargas est en train de devenir sénile.
Je ne suis même pas arrivé à le terminer.

Pierraf - Paimpol - 67 ans - 23 novembre 2019


Apocalypse now 10 étoiles

Je viens de lire ce livre. Ludmilla en a fort bien évoqué la teneur, je n'y reviens pas.
Le ton est professoral..des chiffres, des chiffres, encore des chiffres et ils pèsent leur poids d'évidence pour un individu quiconque sachant regarder autour de lui.
A moins que ce dernier ne soit obnubilé, empoisonné, décervelé, nonobstant sa parure de diplômes (ne vous récriez pas, j'en connais au moins un et très proche), par une soif étrange capable de lui ôter toutes ses facultés d'entendement.

Comment est-ce possible ? Il adore, vénère, idolâtre l'ARGENT et tous les moyens de l'entasser, le faire fructifier, le dissimuler, en nier les effets délétères, que ce soit les pertes d'emplois au bénéfice des actionnaires, la destruction des biens naturels, l'orgie d'inutilités produites au détriment du reste, etc. etc. : il s'en fout !
C'est un individualiste parfait dans son inconscience et son indifférence.
Ils sont des millions comme lui, qui occupent des postes de responsabilité, des "décideurs" et "prescripteurs" comme disent les marketeux.
Voilà ceux qu'il faut convaincre (je n'y crois pas), combattre (j'y crois un peu plus),

Le temps n'est plus aux diagnostics, aux démonstrations, aux preuves. Fred Vargas l'a fait, sans effets de plume ni de manches. C'est brut, implacable et glaçant.
Les condamnés que nous sommes n'ont plus d'alternative.
D'abord parler autour de soi, démontrer, convaincre, foutre la frousse aux tièdes, aux hésitants, aux idiots utiles ; s'organiser, préparer la propagande et l'action mais pas à la manière des élections : il faut dire ce qu'on pense et FAIRE ce qu'on dit.
Et n'espérez rien des bulletins de vote...ils n'ont jamais servi qu'à endormir les naïfs ou les sots.
Une fois lu, ce livre NE DOIT PAS RESTER DANS VOTRE BIBLIOTHEQUE : il faut le faire circuler, le donner, exiger des bibliothèques municipales qu'elles se le procurent, identifier les libraires qui ne le proposent pas et les convaincre de le faire.
Ce n'est qu'un début !

Radetsky - - 81 ans - 3 juin 2019