Le dernier Atlas - tome 1
de Gwen de Bonneval (Scénario), Fabien Vehlmann (Scénario), Hervé Tanquerelle (Dessin), Fred Blanchard (Autre)

critiqué par Hervé28, le 14 mai 2019
(Chartres - 54 ans)


La note:  étoiles
un récit addictif
Depuis un moment, mon libraire insiste pour me faire lire « le dernier Atlas », une pépite selon lui. Je l’ai feuilleté puis reposé. Cela ne me disait rien. Et puis, je suis tombé dessus à la médiathèque et j’ai commencé à le lire pour vraiment m’en faire une idée et je ne l’ai plus lâché !
Le début de cette histoire est pourtant assez banal : un petit truand de Nantes, Ismael Tayeb qui magouille dans les machines à sous. On pourrait facilement tomber dans le polar avec une guerre des gangs, que nenni ! De mystérieuses migrations d’animaux dans le désert algérien viennent bouleverser la vie de Tayeb.
Autour de Tayeb, gravite une galerie de personnages assez étonnants : Martin et Jean Legoff pour la pègre, Françoise, l’ancienne journaliste au « canard enchainé », sans oublier les anciens du « George Sand », le dernier Atlas, robot hors norme dédié à la construction.
Sur les conséquences de la fin de la guerre d’Algérie, cet album nous entraine en fin de compte dans une uchronie française étonnante, qui finalement nous est révélée dans le dossier présent à la fin de l’album.
J’ai suivi avec une certaine fascination l’histoire de Tayeb, qui au fil des chapitres, s’affirme de plus en plus et finit par s’émanciper de la pègre nantaise. Ce premier opus de cette série (qui en comptera 3) est littéralement addictif. J’en ai pour preuve que mon fils m’a emprunté, à son tour, cet album, et lui qui lit rarement des bd, l’a dévoré d’une traite. Les auteurs confirmés (Vehlman, de Bonneval, Tanquerelle & Blanchard) nous livrent là une histoire digne des meilleures séries TV : aucun temps mort, on passe d’un personnage à l’autre, d’un continent à l’autre avec une facilité déconcertante de lecture.
Après avoir lu ce premier opus dans sa version standard (en couleur), j’ai finalement acheté la version noir et blanc , en tirage limité, de canal bd. Cette version est splendide (ce qui n’enlève rien au travail remarquable de la coloriste, Laurence Croix) et met en valeur le dessin d’Hervé Tanquerelle, que je rapproche ici du dessin de Frédéric Peeters, période « RG », comme le souligne également Jérôme Briot dans le magazine Zoo (mars/avril 2019). J’ai lu que canalbd allait continuer à éditer les deux volumes suivant en noir et blanc, je m’en réjouis d’avance.
Cet album est une des meilleurs sorties de ces derniers mois, et tranche avec la production actuelle.
Dépaysant, original et addictif, bref une réussite.
Le monstre de Tassili 7 étoiles

J’ai moi aussi beaucoup apprécié ce premier volume du Dernier Atlas. C’est une uchronie très légère puisque le monde qui nous est présenté est quasiment identique au nôtre, mis à part l’existence par exemple de ces formidables robots constructeurs, qui eux-même en fait n’existent plus et qui sont devenus un mythe dans l’uchronie... L’Algérie et sa décolonisation sert avec originalité l’arrière-plan du récit. Côté référence, je n’ai pu m’empêcher de penser aux Mondes d’Aldébaran avec sa mantrisse, ou encore le dessin-animé Le Géant de Fer dont le « look » se rapproche de celui des Atlas.

Le scénario dans l’ensemble est assez cohérent. Il donne un récit rythmé, mystérieuse, choral, mélangeant habilement SF et récits de voyou, que ceux-ci soient des bras cassés, des bandits charismatiques (Ismaël) ou des affreux bien vicieux et barrés. Le dessin quant à lui , même s’il peut paraître parfois maladroit au niveau des visages, est très lisible, c’est un vrai plaisir, et sert parfaitement l’histoire ! Bravo aux auteurs qui avec cette fiction alliant Mecha, politique, aventure et fantastique, réalisent une très intéressante synthèse de toute une série d’influences !

Fanou03 - * - 48 ans - 10 janvier 2022