Entretiens Inactuels: Antoine Blondin, Michel Butor, Fred Kassak et les autres...
de Emmanuel Legeard

critiqué par ATER, le 13 mai 2019
(Roanne - 28 ans)


La note:  étoiles
Un Festival d'intelligence
Ce sont les mots de Pierre Assouline qu'on est obligé de reprendre:

"Peu d'écrivains français prennent comme lui la peine de réfléchir à ce que lire et écrire veulent dire, et plus rares encore sont ceux qui manifestent un tel goût des autres écrivains. Sa conversation dont on retrouve le discret reflet, l'écho assourdi dans ses entretiens: un festival d'intelligence, de finesse, d'humour, de culture où un certain savoir-vivre, que les cuistres nomment « vision du monde », sa conversation nourrit un savoir-lire et un savoir-écrire à nuls autres pareils. Il y a là une générosité de grand lecteur qui brûle de faire partager ses émotions ; mais en pareil cas, il parle des livres des autres en évoquant les siens – et de la vie des écrivains en répondant sur la sienne."

C'est si exactement ça. On découvre ici Michel Butor, Antoine Blondin, Fred Kassak sous des aspects inattendus, touchants, méditatifs. Il n'y a qu'Emmanuel Legeard à disposer de ce talent maïeutique qui était celui des journalistes-écrivains d'élite.

Aujourd'hui, il est seul. Le dernier. Et il est douteux, étant donné le niveau intellectuel moyen qui a connu des jours meilleurs (20 points de QI perdus en un demi-siècle... on s'en doutait un peu!), qu'il reste bien du monde à être capable de profiter de ce merveilleux recueil d'entretiens. J'en fais partie, et je le reconnais volontiers: quel bonheur revivifiant qu'une lecture d'Emmanuel Legeard, ce Grand Inactuel!

"Pourquoi avoir qualifié ces entretiens d’inactuels? Parce qu’on a voulu qu’ils échappent à la tyrannie du présentisme qui inhibe la réflexion et l'action autonomes. Etre inactuel est le dernier moyen qui nous reste d'être libres", écrit Emmanuel Legeard dans son avant-propos.

La tyrannie du présentisme qui inhibe la réflexion et l'action autonomes... Oui.