La cage aux folles
de Jean Poiret

critiqué par Alceste, le 16 juillet 2019
(Liège - 62 ans)


La note:  étoiles
Force comique intacte
Avant d’être un film à succès, « La cage aux folles » avait été une pièce de théâtre non moins fameuse, dont, à ma connaissance, aucune captation n’a malheureusement été effectuée. Il ne nous reste donc que la lecture du texte pour nous faire une idée de cette pièce mythique et, bien entendu, établir le parallèle avec son adaptation cinématographique. Et le moins que l’on puisse dire est que les différences sont importantes. D’abord, tout se déroule en parfaite unité de lieu, dans le salon des deux tourtereaux, ce qui minimise l’intrigue concernant la belle-famille. Les Dieulafoi ( !), comme ils se nomment, ne sont pas montrés chez eux, traqués par les journalistes. De plus, le rôle de Madame est plus étoffé que celui de Monsieur. D’autres personnages voient leur poids amplifié, comme Jacob par exemple, le serviteur noir, dont on apprend notamment qu’il est wallon ! De même pour le personnel de la boîte de nuit, qui fait irruption plus d’une fois dans le salon. On sent que Jean Poiret, auteur de la pièce et interprète sur scène du patron du night-club, s’est réservé le rôle principal, ce qu’on sent moins dans l’adaptation avec Ugo Tognazzi.

Bien sûr, les répliques et les scènes-culte s’y retrouvent pour notre plus grand plaisir : la biscotte brisée, Jacob en chaussures de cuir, M. Dieulafoi se plaignant que sa perruque ne lui va pas… mais tant d’autres ont été écartées, car le ton est généralement plus rosse, plus canaille que dans le film, qu’il a fallu édulcorer, on le sent bien, pour le grand public. Par ailleurs, toutes sortes d’allusions trop liées à l’actualité française de l'époque ont été supprimées, mais c’est réjouissant d’entendre évoquer Eddy Merckx, Alice Sapritch, Brigitte Bardot, Alain Peyrefitte, Amin Dada, Zizi Jeanmaire, Catherine Deneuve ou Jane Mansfield dans les contextes les plus saugrenus.

On le voit, c’est une nouvelle « cage aux folles » que nous fait découvrir cette lecture, et il ne reste plus qu’à souhaiter qu’une troupe théâtrale la mette à son répertoire, histoire de donner une seconde vie à cet incontournable du boulevard et de réserver à ceux qui croyaient le connaître une agréable surprise.

Quelques répliques inédites :

Georges : Tu t’es vu ? Tu es vert .
Albin : Je suis tout bronzé.
Georges : Tu es vert bronze, c’est ça le drame.

Georges : Ce n’est pas parce que tu as pris dix-huit kilos en six semaines que tu as perdu ton galbe. (Albin prend un coussin et en menace Georges) Oh ! Albin ! C’est la première fois que tu oses lever un coussin sur moi.

Georges : Ah non, je ne veux plus que tu appelles Monsieur « maîtesse » ; c’est de l’infantilisme. Vous faites de l’homosexualité infantile. Vous finirez aux « Dossiers de l’écran » toutes les deux !

Georges : Vous allez côtoyer ici, pendant quarante-huit heures, des personnes d’un milieu qui n’est pas le nôtre. De votre attitude à tous les deux dépend un bonheur qui m’est cher : celui de mon fils, Laurent.
Albin : Il me rappelle Joffre. Par moments, tu me fais penser à Joffre.