Plongée dans une dimension étrange avec cette pièce de théâtre... Le transfert, c'est l'absurde, la déraison, la folie, le néant, l'impression d'avoir manqué quelque chose... Cette pièce pourrait être un cri, un cri lancinant face à l'absurdité de la vie, sa cruauté, c'est aussi l'incapacité d'être compris, de parler un autre langage, de regarder intensément son interlocuteur et de ne voir dans son regard qu'indifférence et mépris.
"Le transfert", ce pourrait être une scène de la vie du Sans Domicile Fixe que je croise tous les jours, qui erre ou tourne en rond dans une société à deux, voire trois vitesses. Il n'est pas meilleur ni pire qu'un autre, il ne comprend pas comment il en est arrivé là, et pourtant les murs se dressent devant lui, la complexité de l'administration lui met des bâtons dans les roues, il se sent accablé, insignifiant... Inexistant... Tout comme le patient de Carine Laure Desguin, cloué sur son lit, qui voit le clown s'agiter devant lui, mais ne rit pas, ni même ne sourit. Il est éteint, son regard, son visage, demeurent sans expression, ou presque, celle de la souffrance. Car il souffre, intérieurement il peine, mais nul n'en prend acte et chacun l'enfonce un peu plus, le pousse vers le vide.
Avec ses dialogues corrosifs, une écriture épurée, directe et sans fioriture, cette pièce me semble un manifeste contre l'injustice, l'indifférence et l'incompréhension.
Chacun peut l'interpréter à sa façon, "Le transfert" aborde mille sujets et peut bousculer et interpeller nombre d'entre nous.
Nathafi - SAINT-SOUPLET - 58 ans - 16 juillet 2020 |