Le cosaque et le rossignol
de Paul Frank, Leo Perutz

critiqué par Tistou, le 24 avril 2019
( - 68 ans)


La note:  étoiles
Le charme des vieilles dentelles. Et de l’arsenic.
L’impression un peu de se trouver dans l’atmosphère un tantinet poussiéreuse des premiers romans d’Agatha Christie, mâtinée d’ambiance « Mitteleuropa », d’Arsène Lupin aussi … Il faut dire que Leo Perutz a écrit « Le cosaque et le rossignol » en 1927. Quand même !
C’est moins confiné que chez Agatha Christie. Il n’y a pas à proprement parler d’intrigue à résoudre. En cela on se trouve davantage devant un roman classique, qui raconte une histoire et installe une ambiance, des personnages. A l’instar de ses nouvelles, lues précédemment, Leo Perutz fait preuve d’une belle agilité d’esprit et n’a pas peur des vastes mouvements d’ensemble (ce serait des plans larges au cinéma, avec beaucoup d’action).
Une cantatrice, Lydia Van Loo puis re-nommée Thamaron (elle change de nom comme de chemise), est poursuivie non pas par le sort mais par son mari, ou plutôt celui qu’elle considère comme son ex-mari après qu’il se soit affiché avec une maîtresse de la moins discrète des façons. Sergueï Ogolenski, c’est lui le mari, était un proche du tsar et de sa famille et si quelqu’un sait si un membre de la famille est encore vivant, c’est lui. Mais pour le moment il se fait un devoir d’écarter (et géographiquement ça peut être très loin, comme la Sibérie par exemple) chaque homme qui se lie un tant soit peu avec la cantatrice. On voit ainsi se faire éliminer Holger, un diplomate danois, le Dr Frédéric Hamersvelt, un biologiste hollandais, … La cantatrice est désespérée et ne sait plus à quel saint se vouer ; quelque destination, quelque nouveau nom qu’elle prenne, Ogolenski la retrouve et discrètement écarte les hommes qui peuvent se lier avec elle.
Mais c’est que la situation réelle est plus complexe que celle présentée via le filtre de la cantatrice. Quand Leo Perutz prend le filtre Ogolenski, c’est tout de suite différent …
Le roman est rythmé par des chapitres somme toute assez courts, cinq à six pages pour l’essentiel. Une foultitude de personnages croquignolets interviennent au fur et à mesure qu’on avance dans la lecture, tel l’inénarrable homme d’affaires Dschahid, et le centre de gravité géographique de l’ensemble penche plutôt vers la « Mitteleuropa », en tout cas de l’Europe du temps où elle était encore le centre du monde.
Pas moyen de s’ennuyer. Une fin peut-être un peu faible mais une lecture recommandable …