Qu'est-ce qu'un chef ?
de Pierre de Villiers

critiqué par Maranatha, le 22 avril 2019
( - 52 ans)

La note: étoiles

Livre-programme ?

Dans la famille de Villiers voici le frère. A dire vrai peu de monde le connaissait avant son clash avec le Président Macron. Mes contacts militaires semblent unanimes sur sa valeur et le respect dont il faisait l'objet.
Suite à sa mise au vert il a écrit Servir que je n'ai pas lu.
Qu'est-ce qu'un chef m'a été offert et d'emblée je dois dire que je ne l'aurais jamais acheté ou lu.
A mon sens c'est un livre-programme.
On sait que la France est malade, d'ailleurs PDV dresse très bien le diagnostic de ce grand pays alité, fiévreux et exsangue à bien des endroits. France périphérique, défiance envers les élites, corruption, sentiment de navigation à vue, tout est bien analysé par le Général.
Dans ce livre il propose des solutions qui n'ont rien de transcendantales.
Remettre l'humain au cœur du dispositif, être un chef soucieux de toute la chaîne hiérarchique, du contexte, de l'humeur, reconnaître la fidélité, le courage, le mérite, être reconnaissant. Bref, beaucoup de poncifs sur ce que l'on appelle le management.
Je ne doute pas que tout part d'un bon sentiment, que l'homme est chevronné et compétent mais le doute persiste sur le fait qu'il soit suivi sur ses raisonnements.
Il est à présent conseiller au sein de grandes entreprises ce qui semble parfaire sa connaissance de la société civile.
Il évoque ses rencontres avec la France d'en bas qu'il ne dédaigne pas. Il est conscient que nos élites, pour plein de raisons différentes, sont coupées de la France charnelle.
Il propose des solutions pleines de bons sens, que tout le monde connaît. Il cite beaucoup de grands chefs militaires, évoque souvent l'équipe de France de football comme un exemple de réussite collective.
On sait que les français veulent plus d'équité, plus d'ordre et ne seraient pas contre plus de poigne au sommet de l'Etat.
PDV a le profil du poste pour 2022, c'est pourquoi je pense que ce livre fait office de programme.
Il a une fenêtre de tir et il peut tenter sa chance. Il ne fait pas partie des puissances d'argent, n'est pas un politique, connaît l'état des troupes, a dirigé l'armée et fait l'unanimité.
Là où je suis en désaccord avec lui c'est qu'il ne semble pas mesurer l'ampleur du phénomène et de la tâche.
La France est très malade, certains quartiers ne font plus partie de la République, le terrorisme prendra de l'ampleur, ce qu'il n'ignore pas, la France périphérique ne croit plus en rien car elle ne bénéficie pas des efforts qu'elle produit.
Il est conscient du malaise que créent le numérique et l'IA, que ce sont des facteurs aggravants des maux cités supra, qu'il sera difficile de lutter contre l'expansion du pouvoir des machines cela au détriment de l'homme.
Homme est d'ailleurs un mot qu'il utilise souvent dans son livre.
Un homme qui semble sincère, qui accepte les remarques de ses subordonnés, qui aime son pays.
Il s'agit d'un livre entrée de gamme, destiné au plus grand nombre, le Général aurait pu évoquer d'autres domaines pour faire un livre plus complet, évoquer la crise spirituelle pour ne pas dire chrétienne, l'atomisation de la société, le délabrement des conscience.
Son livre est une petite étincelle, sera-t-il suivi d'effet ? Je le sais trop intelligent pour ne pas avoir de stratégie et fourbir ses armes.
Je conseille sa lecture à ceux qui s'interrogent sur le fait de savoir s'il reste des hommes dignes de ce nom dans ce pays, Mon Général semble être l'un d'eux, attendons la suite.

Le management pour les nuls

Le général de Villiers condense ici tous ses conseils ; certains sont avisés, d'autres relèvent du bon sens et, finalement, pas mal de truismes.
C'est un livre qui pourrait figurer dans les bibliographies des écoles de management, car il est clair et lisible; mais disons-le franchement, je doute que ça fasse date; du moins nous n'avons pas trouvé de successeur au maréchal Lyautey.
Certaines positions sont courageuses (sur les écarts de salaires dans certains entreprises) et d'autres beaucoup plus convenues (ce livre ne vise pas à être disruptif par principe, j'entends bien).
Pour ma part donc, mi-figue mi-raisin; mais un bouquin de plus pour l'école de l'encadrement.

Ah, aucun espoir que ce livre tombe dans les bonnes mains, à savoir celles des "mauvais" chefs ; la médiocrité reposant essentiellement sur l'ignorance.

Thorpedo - - 45 ans - 6 avril 2020