Le tour de l'oie
de Erri De Luca

critiqué par Veneziano, le 14 avril 2019
(Paris - 46 ans)


La note:  étoiles
Echanger avec un fils fictif
Le protagoniste et narrateur se confie au fils qu'il n'a pas eu, pour lui raconter son existence et celle qu'aurait pu être celle de cette prolongation filiale fictive. Ce biais par la fiction ressemble à une autobiographie à peine dissimulée. Il y décrit apprécier les silences, les paysages, le langage des choses, ses engagements politiques, son attirance passée pour la Révolution au sein de Lotta continua, sa découverte de la langue yiddish et l'apport des Juifs, son existence dans les Balkans. Solitaire mais solidaire, comme l'écrivait Catherine Camus de son père Albert, ce protagoniste décrit son besoin d'engagement et de solitude mêlées, dont il apprécie la complémentarité.
Ce récit prend la forme d'un dialogue fictif, sans que soit exprimé de véritable regret, cette vie et son bilan étant globalement appréciés. Objectif, lucide mais tout autant sensible, cette mise au point permet de resituer l'auteur dans son parcours, son état d'esprit au fil du temps, assez constant. Il expose en quelque sorte pourquoi il paraît disert, prolixe en expériences vécues et écrits et synthétique en la forme. Emouvant et enrichissant, assez déconcertant formellement sans véritablement surprendre substantiellement, ce récit court fait du bien.