Bouge-toi !
de Nadine Gordimer

critiqué par Tistou, le 10 avril 2019
( - 67 ans)


La note:  étoiles
Un Gordimer qui sort de l’épure
Je croyais même que c’était le dernier roman écrit par Nadine Gordimer, mais non, c’est l’avant-dernier, écrit en 2005. Nadine Gordimer nous avait habitués à des romans plus faciles à rapprocher de causes ou de situations : contre l’apartheid avant son abolition, puis l’état de la société sud-africaine après 1991. Ici, avec « Bouge-toi ! », on ne sait pas trop à quoi rattacher sa pensée.
Oui, il est question d’Afrique du Sud, et même d’écologie en Afrique du Sud ; la problématique du nucléaire, qui fut une option (et même plus) là-bas mais accommodée de telle façon qu’on est désarçonné. Qu’on en juge :
Paul Bannerman, blanc sud-africain trentenaire, issu de famille aisée, début des années 2000, à la sensibilité écologiste, lutte avec l’organisation pour laquelle il travaille contre un projet de réacteur nucléaire (et d’autres projets type exploitations de dunes de sable en milieu protégé et construction d’autoroutes). Ca colle avec ce qu’on peut connaître de nos jours mais pourquoi, comme un clin d’œil morbide, met-elle son héros en quarantaine pour cause de radioactivité. Il a subi un traitement irradiant pour combattre un cancer de la thyroïde et nul ne peut l’approcher sous peine d’être irradié. Parallèle glaçant et qui aurait tendance à bloquer le lecteur. Je ne sais même pas si cette situation peut réellement se produire …
Il s’isole pendant cette période de quarantaine chez ses parents, pour ne pas risquer de contaminer son très jeune fils et sa femme. Période d’introspection et de remise en cause.
Ses parents, qui peu après, vont traverser une période particulière puisque le père de Paul, tout juste parvenu à la retraite, parti avec sa femme pour visiter des sites archéologiques au Mexique, contre toute attente restera là-bas pour vivre une nouvelle relation avec la jeune guide norvégienne qui les drivait sur place. Sa mère se retrouve seule et prend le parti d’adopter une petite orpheline noire contaminée par le Sida. Décidément, dans ce « Bouge-toi ! » Nadine Gordimer a décidé de ne pas y aller avec le dos de la cuillère. Elle n’a pas osé les extra-terrestres mais on n’en était pas loin !
Cela dit, il y a quand même une grande constante, une préoccupation ( ?) « Gordimerienne » dans ce roman (comme dans tous les autres), c’est le sujet de la fidélité, de l’adultère. Ca m’a vraiment frappé, dans « Bouge-toi ! » comme dans tous les autres ouvrages de Nadine Gordimer que j’aie pu lire, la présence systématique de la fin d’un amour, d’un changement de partenaire, d’adultère et de recomposition.
Mais ici, ce qui est surtout frappant c’est l’accumulation de situations outrées, exagérés, qui nuit à la crédibilité. Ca reste néanmoins Nadine Gordimer et la réflexion est toujours à fleur de lecture.