Le patient
de Timothé Le Boucher

critiqué par Shelton, le 9 avril 2019
(Chalon-sur-Saône - 68 ans)


La note:  étoiles
Fameux thriller psychologique en bédé !!!
J’appartiens au groupe de ceux qui ont découvert Timothé Le Boucher avec son ouvrage « Ces jours qui disparaissent » et je n’ai toujours pas eu l’occasion de découvrir ses autres ouvrages, en particulier « Skins party » ! Le premier album lu avait été le choc, la surprise, une sorte de bluff magistral qui m’avait presque laissé sans voix… Je me demandais, en fait, comment Timothé Le Boucher allait pouvoir poursuivre son travail en restant au même niveau qualitatif…

Puis, j’ai ouvert « Le patient » et j’ai oublié « Ces jours qui disparaissent ». Je n’avais rien lu sur ce nouvel opus, j’ai ouvert simplement avec cette petite pointe de curiosité que j’ai parfois en me demandant ce que j’allais trouver… Et je n’ai reposé l’ouvrage que lecture terminée… J’étais secoué, ébahi, touché profondément et admiratif pour cet auteur de 30 ans capable de réaliser un tel ouvrage !

Autant dire qu’écrire sur un tel album est assez complexe car avec le genre thriller le chroniqueur doit être prudent. Comment en dire assez pour donner envie et pas trop pour ne pas briser le suspense magistralement maitrisé par l’auteur. En fait, ce qui est rassurant c’est que les rebondissements étant très nombreux, le fond psychologique très dense et la narration graphique d’une efficacité diabolique, même si un ou deux éléments m’échappaient, vous seriez encore surpris toutes les dix ou quinze pages… et il y en a presque trois cents !

Tout commence la nuit, dans un village, avec une jeune fille qui erre, pieds nus, un couteau à la main… Les forces de l’ordre vont l’interpeller. Le sang dégouline sur elle… Et ainsi commence l’affaire du « Massacre de la rue des Corneille »…

En effet, dans une maison de ce bourg paisible, il y a des cadavres sauvagement assassinés, une famille entière est décimée… Un seul survivant, Pierre Grimaud, 15 ans, dans le coma profond…

Et c’est bien à partir de maintenant que je dois me taire sur le scénario car le thriller commence et le lecteur est à la merci de son scénariste Timothé Le Boucher… Ce scénario est parfaitement maitrisé et les informations arrivent au lecteur comme un goutte-à-goutte à l’hôpital, en dose homéopathique… La vérité prend forme, au fur et à mesure, et chaque fois que vous croyez avoir compris… un élément nouveau met à mal vos certitudes… Jusqu’à la fin qui laisse planer encore quelques doutes…

Les personnages sont tous crédibles, profondément humains, marqués par leurs expériences, leurs vies, leurs drames… C’est peu dire que ce thriller est psychologique car cette histoire se déroule essentiellement dans un hôpital avec des personnages à mobilité limitée. Ce qui est magistral chez Timothé Le Boucher et sa narration graphique, c’est de pouvoir transmettre au lecteur, avec le média bédé, un dialogue, par exemple, entre un malade et une psy, sur de nombreuses pages sans que le lecteur ressente le moindre ennui !

Le dessin est assez difficile à classer – mais faut-il toujours classer tout ? – mais on peut raisonnablement dire qu’il est réaliste, presque classique avec des phases où on pourrait parler de ligne claire, d’une certaine forme de ligne claire. Mais, car tout n’est pas simple, on a aussi quelques magnifiques séquences nocturnes d’un genre différent avec l’envie de plonger le lecteur dans l’angoisse, le mystère, le doute… Enfin, on peut affirmer que Timothé Le Boucher est aussi marqué par le manga et sa narration spécifique et à ce titre les yeux ont une importance capitale…

Enfin, pour clore cette chronique, disons que les thèmes sont multiples et presque tous aussi fascinants les uns que les autres… Il y a la vie, le temps, la culpabilité, l’importance de la parole, l’identité, le rapport au corps, la relation à l’autre, la confiance, la mort… Bref, si on réfléchit un peu, on parle ici de la vie humaine sous toutes ses formes… Et l’auteur n’a que trente ans !!!

On a envie de dire que si les petits cochons ne le mangent pas trop tôt… Mais il faut rester « patient » !
Très sombre 8 étoiles

Quand Laura Grimaud est arrêtée couverte de sang, un couteau dans la main, nul doute que c’est elle qui a assassiné toute sa famille.
Seul survivant, son frère Pierre. Plongé dans le coma pendant six ans, il reprend connaissance. Ses forces et certains souvenirs reviennent doucement.
Il est aidé par une psychologue spécialisée en criminologie, Anna Kieffer.
Au fil des jours, des entretiens, des rencontres avec d’autres jeunes hommes hospitalisés, un autre Pierre apparaît.

Une histoire sombre et glaçante très efficace. L’auteur manipule le lecteur qui découvre au fil des pages des scènes effrayantes et effroyables.

Très peu habituée à la BD, je découvre un "thriller psychologique" en images, et je suis très impressionnée du pouvoir conjugué des mots et des dessins.

Marvic - Normandie - 66 ans - 4 février 2022


Coma caméléon 8 étoiles

Timothé Le Boucher, auteur très en vue depuis le surprenant « Ces jours qui disparaissent », publiait il y a un an « Le Patient », passant de ce qu’on pourrait appeler du « fantastique intimiste » à un registre plus conventionnel : le thriller psychologique. Comme pour son ouvrage précédent, le talent du jeune prodige se mesure autant à sa maîtrise du dessin que du scénario. Sa ligne claire fine et élégante bénéficie d’un cadrage millimétré, exprimant à la perfection les non-dits en jouant à fond sur les regards et la gestuelle. Du grand art qui resserre les liens les plus visuels entre le 7e et le 9e art.

La narration elle-même est d’une extrême fluidité, dominée par un mystère constant qui maintient le lecteur en haleine jusqu’à la fin, et applique à merveille les codes cinématographiques du genre, sans oublier le twist final. Auparavant, Le Boucher aura pris soin de faire ressortir l’ambigüité et le côté obscur de ses personnages pour mieux nous laisser sur le qui-vive.

On pourra légitimement mettre un bémol, mais pour en parler, il conviendra de conseiller au lecteur de cette chronique qui n’aurait pas lu l’ouvrage de ne pas lire la phrase qui suit. [SPOILER] Après avoir refermé ce pavé envoûtant (292 pages tout de même !), on peut s’interroger sur la crédibilité de l’intrigue. Le jeune Pierre, manipulateur cynique doté d’une intelligence supérieure, aurait-il réellement pu demander à sa sœur d’ajuster sa force pour ne pas lui asséner de coups mortels, mais suffisamment dosés pour le faire tomber dans un coma de six ans, sans risque d’y perdre des facultés cérébrales ? Car on constatera que lorsque le jeune garçon émerge de son coma, il semble avoir conservé intacte son intelligence hors normes, si ce n’est une légère amnésie… [FIN DU SPOILER].

Bref, chacun se fera son opinion sur le sujet, mais quoi qu’on en pense et malgré ce que l’on peut considérer comme une légère incohérence, l’intrigue est plutôt bien ficelée, mais surtout, les personnages, TOUS les personnages sans exception, sont extrêmement bien campés. L'histoire, que l’on oubliera pas de sitôt, est assez dérangeante, notamment par le jeu trouble voire un peu malsain entre Pierre et sa jolie psychiatre (qui pourrait avoir l’âge de sa mère), fascinée et un brin amoureuse de son jeune patient et de sa personnalité extraordinaire, [SPOILER] qui rappellera quelque peu les « liaisons dangereuses » entre Hannibal Lecter et Clarice Starling dans « Le Silence des agneaux ». [FIN DU SPOILER]

Blue Boy - Saint-Denis - - ans - 25 octobre 2020


Waouh ... Hitchcockien 10 étoiles

"Le patient " de Timothé Le Boucher (292p)
Ed. Glénat

Bonjour les fous de lectures ...

Voici un roman graphique, catégorie "thriller psychologique", qui est très bien ficelé.

Un soir, des agents en patrouille découvrent une jeune fille un peu simple d'esprit errant dans la rue.
Elle est couverte de sang. lorsqu'ils se rendent à son domicile, ils sont face à un véritable carnage .. toute la famille à été massacrée, sauf un des fils qui est grièvement blessé et qui va rester dans le coma pendant 6 ans.
A son réveil, il est pris en charge par une psychologue spécialisée en criminologie et qui s'était occupée de sa soeur au moment des faits.
le jeune homme récupère assez rapidement et commence à raconter à sa psy les rêves qui le hantent...
Lui seul sait ce qui s'est réellement passé il y a 6 ans.

Excellent "page turner" à l'ambiance hitchcockienne.
Le dessin est agréable est les plages alternant couleur et noir/gris nous mettent parfaitement dans l'ambiance.

FASCINANT, ANGOISSANT
Auteur à suivre

Beaucoup mieux aimé que son précédent ouvrage "Ces jours qui disparaissent" , trop futuriste à mon goût .

Faby de Caparica - - 63 ans - 9 juillet 2019