Histoire de la Sicile: des origines à nos jours
de Jean-Yves Frétigné

critiqué par Colen8, le 1 avril 2019
( - 83 ans)


La note:  étoiles
Un singulier destin
Depuis la fin du néolithique la domination de l’île accompagnée ou non de mouvements de population sous la forme tantôt de colonisation, tantôt d’émigration reste une constante jusqu’à son adhésion à l’unification italienne menée sous la houlette de Garibaldi (1861). Ces 3000 ans sont comme un concentré de l’histoire méditerranéenne pour commencer, européenne par la suite sur un territoire grand à peu près comme la Bretagne. On l’explique par sa position stratégique au carrefour des routes maritimes les plus empruntées dans l’Antiquité, par son rôle de barrage contre l’avancée turco-musulmane après la victoire de Lépante (1571), par les rivalités des puissances continentales après le congrès de Vienne (1815).
Première des colonies grecques avant les conquêtes des carthaginois, des romains, des barbares goths, la Sicile christianisée rejoint l’empire d’orient byzantin pour environ trois siècles. Plus tard on y voit se succéder les vandales, suivis d’une longue occupation arabo-berbère musulmane précédant celle des normands du comte Roger évincés à leur tour par le souabe Frédéric II Hohenstaufen. Ces deux dernières de relativement courtes durées sont perçues comme l’âge d’or sicilien. Les héritages la font passer un temps sous la coupe du duc d’Anjou frère de Louis IX, avant de tomber dans l’escarcelle des souverains aragonais devenus espagnols après la reconquête contre les musulmans (1492). Avant de rejoindre l’Italie la Sicile était alors une province du royaume des Deux-Siciles régie par des Bourbons.
Guerres incessantes, épidémies et catastrophes meurtrières, émigrations massives à partir des deux derniers siècles n’ont pas épargné cette terre riche et contrastée qui fut un temps le grenier à blé de l’espace méditerranéen avant de sombrer dans une forme d’apathie qui l’a laissée très en arrière du développement économique des temps modernes. L’une des causes serait une structure longtemps féodale faisant la part belle aux grands propriétaires terriens de l’aristocratie. Très soucieuses de conserver leurs privilèges jusqu’à accepter le soutien occulte de la mafia les élites siciliennes n’ont guère hésité à réprimer sans états d’âme de fréquentes révoltes des populations exploitées mais trop souvent désunies.