Le club des 5 - Tome 1: Le trésor de l'île
de Nataël, Béja (Dessin)

critiqué par Shelton, le 31 mars 2019
(Chalon-sur-Saône - 67 ans)


La note:  étoiles
Avec un brin de nostalgie...
Quand j’entends parler de Club des cinq, je l’avoue, je pense immédiatement à Carnac. Il faut dire que l’histoire se déroule le plus souvent en face de l’île de Kernach or ce nom-là, quand on passe ses vacances à Carnac en France, permet une assimilation totale. Donc, pour moi, de façon définitive, les aventures du Club des Cinq se passaient à Carnac…

Le lieu principal de vie, la villa des mouettes, est la demeure de la famille de Claudine (attention, dites plutôt Claude si vous ne voulez pas la fâcher). Là, c’est la solitude et le calme pour cette fille qui veut souvent jouer les garçons. Or, pour les vacances, s’annoncent les cousins François, Mick et Annie. Claude n’a pas envie de compagnie et va commencer par bouder avant de réaliser que la vie active tous ensemble peut présenter un intérêt certain…

Cette première histoire adaptée par Béja et Nataël, est tirée du premier roman d’Enid Blyton, Le club des Cinq et le trésor de l’île, un roman de 1942. Alors, bien sûr, comme les deux auteurs sont fidèles à la romancière britannique, on peut affirmer sans prendre de risques, que plus d’un élément de cette aventure pourra paraitre désuet, dépassé, vieillot… Oui, Enid Blyton est marquée par son époque, par une morale familiale ancestrale, par des us et coutumes de la vieille Angleterre… Mais, disons-le tout de suite, la bande dessinée se lit sans problème et va certainement enchanter plus d’un lecteur et pas seulement ceux de plus de soixante ans devenus grands-parents !

Les grands fondamentaux de l’aventure sont là : une île, la mer, la tempête, un vieux château en ruines, un trésor et surtout des méchants ! Bien sûr, comme il s’agit bien d’une aventure pour jeunes lecteurs, il y a aussi un chien, le fameux Dagobert (Timothy dans la version anglaise). C’est le cinquième membre du club et il joue toujours un rôle important même quand il se fait exclure de la maison par le père de Claude, Henri Dorsel, un savant à la triste figure qui est toujours submergé de travail et qui ne supporte pas le bruit, ni celui du chien, ni celui des enfants en train de jouer…

On peut regretter que l’adaptation en ne comporte que 30 planches car, du coup, Nataël a été obligé de pratiquer l’ellipse et la rapidité dans un roman plus calme… Il n’en demeure pas moins que le travail reste très fidèle à Enid Blyton et respectueux de l’intrigue, du caractère des personnages, de l’ambiance générale… On prend juste moins le temps de vivre au rythme des vacances ! Le lecteur adulte peut être un peu frustré car dans sa mémoire les histoires étaient plus longues… Enfin, surtout s’il lisait avec difficulté !

Pour ce qui est de la narration graphique, on retrouve là du Béja pur jus, une ligne claire épurée et presque parfaite. Je rappelle que la ligne claire, narration graphique privilégiée par Hergé dans Tintin, c’est dessiner tout ce don le lecteur a besoin pour comprendre l’histoire sans surcharger le dessin d’éléments esthétiques sans importance. Les ombres ne sont là que si elles participent à la narration… Du coup, un dessin simple, clair et précis qui raconte une histoire accessible à tous les lecteurs !

Le tout fonctionne très bien et donnera beaucoup de plaisir aux lecteurs à commencer par ceux qui ont lu dans leur jeunesse les romans du Club des Cinq qui trouveront dans cette série une sorte de fontaine de jouvence…
Dommage, le graphisme des personnages n'est pas à la hauteur du reste 7 étoiles

Une reprise en bande dessinée, tout comme en film s'aborde toujours avec une certaine appréhension : comment le dessinateur ou le réalisateur ont-ils adapté l'histoire. S'agit-il d'une adaptation ou d'une modification telle que le seul point commun restant est le titre quoique celui-ci soit même modifié bien souvent.

Pour cette BD, en ce qui concerne le scénario, il respecte scrupuleusement le livre originel (version années 60). Certes le scénario n'avait nullement besoin d'être modifié mais ce respect est suffisamment rare pour le souligner.
En ce qui concerne le graphisme, le choix a été clairement fait de placer des éléments évoquant les années soixante (le canot, les sacs à dos, le téléphone, le costume du gendarme etc...) ce qui m'apparaît un choix pertinent pour n'avoir pas à réécrire le scénario.
Dans les graphismes de décor et de certains personnages, on note clairement l'inspiration ligne claire et même des clins d'oeil à Hergé, notamment "l'île noire" (l'aspect de l(île, les gendarmes dans le bateau, le bateau à moteur, la salon des Dorsel etc..).
Tout cela est une véritable réussite.

Par contre, quelle mouche a piqué le dessinateur en ce qui concerne les personnages principaux, hormis Dagobert. Ces enfants sont censés avoir une dizaine d'années mais François paraît en voir au minimum 15 et par moment il est carrément adulte. Annie, selon les cases semble être une femme adulte ou porter des couches. Mick, quant à lui, paraît appartenir à la génération Mac DO !
Quant à l'habillement, entre les bermudas (totalement inconnus à l'époque !) ou aux baggies (guère plus connus). Les graphismes sont tellement approximatifs en ce qui les concerne que je peinais par moment à différencier François et Annie !
Seule Claude apparaît un peu plus crédible mais pourquoi en avoir fait une ado frôlant les quinze ans ?

Cette série BD comporte 6 opus. Je comprends qu'elle n'ait pas continué, avec de tels personnages l'histoire ne peut pas réellement fonctionner. Je vais malgré tout tenter de lire les volumes que je trouverai pour voir si le dessin évolue positivement et parce que les décors sont réellement réussis.

Mimi62 - Plaisance-du-Touch (31) - 71 ans - 7 octobre 2021