Beethoven avait un seizième de sang noir
de Nadine Gordimer

critiqué par Tistou, le 20 mars 2019
( - 68 ans)


La note:  étoiles
11 nouvelles
Au contraire des nouvelles figurant dans « Le magicien africain », les nouvelles de ce recueil n’ont pas à proprement parler de connotations politiques en lien avec la situation en Afrique du Sud (il est vrai également que les nouvelles du « Magicien » datent de l’époque Apartheid quand celles de ce recueil sont post-apartheid). La quatrième de couverture l’expose d’ailleurs ainsi :

« Au moment même où, dans ses écrits politiques, elle explorait les compromissions morales de l’apartheid, Nadine Gordimer faisait preuve d’une remarquable capacité à analyser le terrain plus intime des relations humaines …/…
Cependant, c’est dans ses nouvelles, et en particulier celles où la politique ne joue pas un rôle de premier plan, que la romancière traite avec le plus d’intensité et d’imagination les personnages de femmes, de maris, de parents et d’enfants, d’amants aussi, et en extrait l’universalité, dans le désir, ou la douleur de la perte. »

« Remarquable capacité à analyser le terrain plus intime des relations humaines », certes. C’est réellement le facteur « plus » de Nadine Gordimer que sa capacité à fouiller et conserver cohérentes les attitudes psychologiques de ses personnages.
Mais dire que c’est dans les nouvelles où la politique ne joue pas un rôle qu’elle traite ses personnages avec le plus d’intensité et d’imagination … non. Ce n’est pas ce que j’ai ressenti après avoir lu « Le magicien africain » et « Beethoven avait un seizième de sang noir ». Il m’a plutôt semblé que les nouvelles « apolitiques » étaient comme incomplètes, un poil bancales, un peu comme la jacinthe en pot devant moi qui s’écroule faute de tuteur peut-être …
Non pas qu’elles manquent d’intérêt (Beethoven avait un seizième de sang noir, Mètre à ruban, Rêver des morts, Une femme frivole, Gregor, Mesures de sécurité, Langue maternelle, Allesverloren, Histoire, Légataire, Trois dénouements possibles), mais il leur manque le sel de la réalité inique de l’Afrique du Sud que Nadine Gordimer a beaucoup combattu.
L’adultère tient une énorme part dans ces nouvelles. C’est manifestement une problématique qui lui parait importante.
Enfin, la dernière de ces nouvelles : « Trois dénouements possibles », sous-titrée successivement « Le premier sens », le deuxième sens » et « le troisième sens » m’a laissé décontenancé. J’imaginais bien qu’à partir d’un tronc initial commun trois dénouements différents allaient être développés. Que nenni ! Les trois textes « premier, deuxième, troisième sens » n’ont pas de rapports spécifiques entre eux ? Leur point commun reste l’adultère, plus ou moins différemment conclu. Le point commun ?
Non, définitivement, les nouvelles sélectionnées » par Nadine Gordimer pour « Le magicien africain » me paraissent plus fortes.