Ciel bleu trop bleu
de Nicolas Ancion

critiqué par Coral, le 1 novembre 2001
(Pipaix - 59 ans)


La note:  étoiles
À découvrir, absolument
D'emblée, je fus dérangé dans mes habitudes. Un livre écrit au futur ! Quelle incongruité !
Et des personnages de prime abord rebutants, horribles, monstrueux. Il me fallut faire un effort pour en poursuivre la lecture.
Quel bonheur !
Des monstres, parfois difformes, qui naissent déjà âgés, qui meurent une, deux trois fois, qui s'échangent des membres, qui changent de noms.
Un texte entrecoupé de cris d'amour à l'être aimé, à l'être parti.
Un livre qui raconte l'amour de la vie, avec verve et inventivité.
À découvrir, absolument.
Tue-moi pour m'aimer 8 étoiles

Il y a de la noirceur et de la poésie, de l'humour et du drame. Il y aussi une manière d'écrire au futur pour annoncer de manière péremptoire ce qui arrivera, parce que c'est ainsi et ça n'en rend les choses que plus effrayantes. Plus belles aussi tant se dégagent d'elles des images fantastiques, absurdes et surréalistes qui donnent à réfléchir sur la condition humaine. La nôtre, ne l'oublions pas. Celle de l'auteur aussi, fatalement. Et c'est tant mieux car il parle de lui, de nous, d'eux, de tout le monde à travers une centaine de pages décapantes dans lesquelles tout le monde meurt sans jamais réellement mourir. Les gens se tuent et se déchirent et pourtant, quel formidable cri d'amour!
Un beau texte, surprenant, original.

"Tu ne voudras jamais croire que tu es la mère de Georges, d'Emile, de Gilberte et des Jeanine. Tu les aimeras comme des monstres et tu me détesteras." (page 34)

Aimer et détester, tout est là, dans le dépassement et les extrêmes, parce que c'est la vie qui n'est en aucun cas un long fleuve tranquille.

Sahkti - Genève - 50 ans - 16 novembre 2008


Des contes presque bleus... 8 étoiles

Dans le premier manifeste du surréalisme, Amdré Breton considérait que seul le merveilleux était capable de féconder un "genre inférieur comme le roman". Il y a des contes à écrire pour les grandes personnes, ajoutait-il, "des contes presque bleus". Peu l'ont fait. Peu ont réussi à le faire. Parmi eux, Vian, Queneau. Plus proche de nous, Ancion. Au sortir d'un chagrin d'amour, Nicolas nous livre une oeuvre dense et forte où le déchirement s'allie à la fantaisie. On songe à Vian, bien sûr, aux images cruelles des poèmes noirs ("Je mourrai d'un cancer de la colonne vertébrale"...), à l'invention verbale de "l'arrache-coeur" (les trumeaux Joël, Noël et Citroën; chez Ancion les trois soeurs Tic, Tik et Tiq), mais aussi à ces dessins animés absurdes et impayables où l'on meurt cinquante fois écrasé par une enclume, tronçonné, coulé dans le béton, écrabouillé au fond d'un canyon, explosé à la bombe H... et où l'on renaît cinquante fois, prêt pour une nouvelle poursuite, un nouveau gag, une nouvelle mort. Et puis, tenir le futur durant tout un roman, il fallait le faire (Ancion répondait ainsi à un professeur d'université qui prétendait le contraire). Un conte pour grandes personnes... un conte encore presque bleu... ciel bleu, trop bleu...

Lucien - - 69 ans - 22 mars 2002


Concentré de poésie. 9 étoiles

Avec Nicolas Ancion, on ne risque jamais de s'assoupir devant 600 pages! Ce garçon a l'art de faire court et beau! Si vous l'aimez, sautez sur son petit (dans tous les sens du terme!) dernier: "Les ours...." Cherchez un peu!

Patman - Paris - 62 ans - 5 novembre 2001


Vraiment très bon! 8 étoiles

C'est vrai, ce livre est à découvrir absolument. Nicolas Ancion nous déroute de nos habitudes de petit lecteur. Sa façon d'écrire est en soi une innovation, pas tellement pour nous éblouir mais pour se rapprocher de ce qu'est fondamentalement l'écrit.
Ce livre est un cri d'amour ou de détresse, de souffrance ou de bonheur, tout est lié... Les mots nous prennent à la gorge, avec une force qui surprend. A peine plus de 100 pages mais c'est du concentré!!

Bluewitch - Charleroi - 45 ans - 30 octobre 2001