Les passions intellectuelles
de Élisabeth Badinter

critiqué par Veneziano, le 24 février 2019
(Paris - 46 ans)


La note:  étoiles
L'importance des philosophes au XVIIIème siècle
Au XVIIIème siècle, peu après la mort de Louis XIV, il a été lancé le projet d'Encyclopédie, dont l'objectif a été d'amasser l'ensemble des connaissances à la portée du grand public, ce qui hérissait clergé et conservateurs, devant une entreprise matérialiste qui frôlait l'hérésie. La philosophie, discipline centrale des auteurs, était alors très lié aux sciences. Aussi l'Académie des sciences constituait-elle le lieu privilégié des grands débats intellectuels, avant que l'Académie française ne prît sa place, après une longue translation ; et il n'était pas rare de siéger aux deux. L'astronomie, avec la forme exacte de la terre et de ses aplatissements aux pôles, puis les mathématiques, la politique et la morale vinrent notamment abonder par phases le travail.
Si l'opinion publique était prise pour auditoire, elle s'est générée en effet à cette époque, et cela a créé un effet pervers, au moins paradoxal : la notoriété des grands auteurs, Diderot, Mauperthuis, d'Alembert, Voltaire, notamment, ont modifié l'élaboration de leurs rédactions, les despotes éclairés de l'époque, notamment Catherine de Russie et Frédéric II de Prusse tentant de les instrumentaliser pour qu'ils fassent leur éloge, non sans calculs ni stratèges, là où la monarchie française restait campée dans le conservatisme de droit divin qui lui assurait la pérennité du pouvoir.
Ces trois volumes ici regroupés en un tome unique de 1100 pages retracent les échanges, souvent virulents, des grands noms de la pensée du XVIIIème qui ont contribué à renouveler massivement l'esprit français, les salons, notamment celui de Mme de Deffand servant à véhiculer les publications et idées nouvelles.

J'en ai beaucoup appris, sur la réalité sociale de l'époque, les relations entre ces auteurs. Cet ouvrage pointilliste, rigoureux et exigeant détient de nombreuses richesses. Les descriptions et analyses y fourmillant, la lectrice et le lecteur détiennent l'impression d'être translatés dans le Paris du XVIIIème. C'est très intéressant, bien que cela appelle à la méditation.