Le musée de la girouette et du ventilateur
de Éric Dejaeger

critiqué par Débézed, le 24 février 2019
(Besançon - 77 ans)


La note:  étoiles
Poésie cocasse
« Au musée de la girouette
et du ventilateur
les visiteurs se voient offrir un cache-nez
à l’entrée

Le conservateur avait remarqué
que de nombreuses personnes
s’enrhumaient durant la visite.
… »

Le Barde du Pays noir qui hante les lieux, aurait-il, tel un M’Bappé des espaces d’exposition, enrhumé tous les visiteurs avec ses poèmes tous plus cocasses les uns que les autres ?

Dans ce recueil de poche, il a rassemblé des textes incongrus, insolites, hilarants, drôles, ironiques, moqueurs, un poil insolents, parfois emplis de dérision, frisant même pour certains le pamphlet ou la satire. Derrière tous ces textes destinés, a priori, à faire rire se cache une réelle volonté de mettre en évidence toute la sottise qui pollue la société actuelle, la bêtise humaine mais aussi toutes les ressources qu’offrent la langue française pour créer le quiproquo, l’ambigüité, l’effet comique.

Digne héritier des surréalistes belges, il connaît sur le bout de sa plume tout ce qui fait caracoler les mots pour le plus grand plaisir des lecteurs : formules de style, jeux de mots, calembours, variations sur les assonances… Dans ce petit recueil, il utilise surtout la confection de listes improbables toutes plus hilarantes les unes que les autres. Je n’en donnerai qu’un court exemple pour ne pas allonger inutilement cette chronique au risque de la rendre plus longue que le recueil. J’ai choisi ce petit poème qui évoque les arcanes de langue française et détourne les expressions généralement consacrées :

Des peurs bleu anthracite.
Des teints jaune de Prusse.
Des votes blancs citron.
Des feux vert cassé.
Des robes roses émeraude.
Des regards noir bonbon.
Des nez rouge ébène.
Des nuages gris sang.

Ce recueil comporte d’autres listes tout aussi hilarantes et insolites et des poèmes plus ou moins cocasses où les mots dansent une folle farandole.