E=mc2 et autres nouvelles
de Pierre Boulle

critiqué par CC.RIDER, le 13 février 2019
( - 65 ans)


La note:  étoiles
Science sans conscience…
À Paris, Oscar Vincent est tranquillement assis à la terrasse de la Coupole quand il est abordé par un étrange individu vêtu d’une toge romaine rouge, lequel lui demande en quelle année on se trouve. C’est un Badarien venu des temps anciens. Il est suivi de près par un Pergolien venu, lui, d’un très lointain futur… Bourdon, savant amateur d'énigmes, se lance le défi de reconstituer un texte écrit sur deux feuillets dont il ne reste que les cendres… Arrivée sur la face cachée de la Lune, une expédition américaine croit découvrir la présence de Luniens… Un savant parvient à fabriquer le robot parfait à tout point de vue. Il sait parfaitement compter, résoudre toutes sortes de problèmes compliqués mais également avoir des sentiments et, comble du raffinement, faire des erreurs !
« E = MC2 et autres nouvelles » est un excellent recueil comportant huit nouvelles de fantastique, de science-fiction ou d’étrange scientifique, toutes teintées de l’humour sarcastique ou décalé du grand auteur. Lui-même de formation scientifique est loin d’être tendre avec la profession. Bien des personnages sont de doux dingues comme « l’homme qui haïssait les machines » ou de joyeux lurons aussi naïfs qu’idéalistes comme l’équipe entourant Einstein dans la nouvelle éponyme, de loin la plus inquiétante du lot avec cette version uchronique et pleine de poésie de l’invention et de l’explosion de la première bombe atomique. Chaque nouvelle est un petit bijou distrayant mais faisant aussi réfléchir sur les possibles dérives d’une science sans conscience (on connait la suite du célèbre adage…). Une mention spéciale pour « L’amour en apesanteur », nouvelle particulièrement réussie dans laquelle Pierre Boulle donne libre cours à une cocasserie des plus débridées. À de tordre de rire !