Un demi-siècle de mensonges
de Jean-Louis Aerts

critiqué par Nathavh, le 9 février 2019
( - 60 ans)


La note:  étoiles
Un thriller palpitant sur un fond historique
C'est le deuxième roman de mon compatriote Jean-Louis Aerts, prof de français et latin, historien de formation, et on le sent dans l'écriture de ses romans. ♥ Il s'agit de la suite et fin d'une belle saga, le premier tome était "Un siècle de mensonges" paru en mai 2016. (Mon billet se trouve ici)


Pour rappel, dans le premier tome, Marylou, jeune pigiste était contactée par un richissime homme d'affaires américain, Dantiedov, qui souhaitait qu'elle écrive sa biographie. Avec lui, on a voyagé sur un siècle à New York, Syracuse et ailleurs retraçant quelques grands moments de l'Histoire. C'était aussi l'occasion pour Marylou de se pencher sur ses origines.

C'était un gros coup de coeur . Je vous conseille de commencer par celui-là mais si ce n'est pas le cas, pas d'inquiétude. J'avais, je l'avoue, un peu peur d'avoir oublié le début de cette saga mais l'auteur nous la remet habilement en mémoire, restituant les éléments essentiels.

Dans "Un demi-siècle de mensonges", l'action se situe cinq ans plus tard. La biographie écrite devrait voir le jour car Marylou est déterminée à la publier après la disparition de son aïeul. Son grand-père renversé par une voiture, un accident ou un assassinat ? C'est la question que se pose l'inspecteur Gleizner qui enquête sur les circonstances de ce décès.

De nouveaux personnages apparaissent, on fait des allers-retours dans le temps, la grande Histoire se mêle à nouveau à la petite histoire - exposition universelle de 58 à Bruxelles, incendie du magasin Innovation, pouponnière de Wégimont -. On découvre toujours la Belgique en voyageant de Redu à Couvin en passant par Floreffe.

C'est construit comme un thriller, je l'ai dévoré, ne pouvant pas lâcher ce roman. L'écriture est simple, sans fioritures, allant à l'essentiel. Elle est captivante et addictive, de courts chapitres permettent au lecteur de rassembler les éléments du puzzle qui se compose peu à peu.

Les rebondissements sont multiples et nombreux, l'auteur nous retourne littéralement jusqu'à la dernière page. C'est magnifiquement construit et réalisé. J'ai été bluffée.

Merci Jean-Louis Aerts pour ce pur moment de bonheur, vous l'avez compris c'est un immense coup de coeur.

Le souci après une lecture intense comme celle-ci, sera le choix du prochain qui risque de me sembler bien fade.

Foncez amis lecteurs, c'est du bon, c'est du belge.

Ma note : ♥♥♥♥♥♥

Les jolies phrases

Thanatos ! soupira-t-il. La mort n'a pas supporté qu'on se substitue à elle. On ne joue pas impunément avec la Grande Faucheuse. Elle peut se montrer plus rancunière et réclamer plus que son dû.

Écrire est un acte égoïste de survie, un exutoire utilisé par l'écrivain pour ne pas sombrer dans la bêtise humaine, une bouée qui l'empêche de se noyer dans l'océan de haine que l'homme déverse jour après jour sur cette terre qu'il méprise.

Tu vois, soupira Émilie, tant que les hommes se nourriront de vengeance, la paix sera impossible. Ton Hitler et mon père sont pareils. Il faudrait faire une table rase du passé et reconstruire un monde uni.

Seul un drame peut en gommer un autre. A croire que les gens n'ont de place que pour une seule tragédie dans leur boîte à souvenirs.

Dans la vie, il faut savoir ce qu'on veut. Si tu sais ce que tu veux, tu deviendras un loup, sinon, tu resteras un petit agneau tout doux, qui se fait bouffer tout cru, comme dans les fables de La Fontaine.

Le devoir de mémoire ! Le devoir de mémoire, madame Voinet ! Le même argument qui pousse des milliers de victimes de la Shoah à sillonner le monde. L'individu doit passer à autre chose, mais la collectivité a le devoir de se souvenir, toujours ! La société est la gardienne de la mémoire du monde.