Les reines de sang - Constance d'Antioche t1
de Jean-Pierre Pécau (Scénario), Gabriele Parma (Dessin)

critiqué par Shelton, le 8 février 2019
(Chalon-sur-Saône - 67 ans)


La note:  étoiles
Une excellente série historique et humaine
J’ai lu, hier, le premier album de la série Constance d’Antioche, La princesse rebelle, de Jean-Pierre Pécau (scénario), Gabriele Parma (dessin) et Dimitri Fogolin (couleurs). Cette série vient prendre sa place dans la collection Les reines de sang, une excellente collection qui compte déjà de nombreuses reines et albums, en particulier le très bon travail sur la reine Aliénor d’Aquitaine…

Avec Constance d’Antioche, Jean-Pierre Pécau va nous raconter la vie d’une femme que l’on connait peu… Il faut dire que l’on a déjà du mal à donner quelques éléments factuels concernant les croisades, à citer au moins deux rois de Jérusalem… alors commencer à parler de la femme héritière d’une ville secondaire, Antioche… Cela relève de l’expertise ! Mais le scénariste relève le défi sans se préoccuper trop des difficultés (ou alors, il le cache bien !).

Tout commence en 1130, lorsque le corps de Bohémond, seigneur d’Antioche, est ramené dans sa ville après une embuscade dans les montagnes de Cilicie. L’ennemi des Francs était alors l’émir Gazi Gümüchtegin, un prince arménien devenu allié du calife de Bagdad… Dès maintenant, vous allez devoir ouvrir un livre de cartes de géographie politique du douzième siècle pour bien mesurer les emplacements du royaume de Jérusalem, de la ville d’Antioche, de Bagdad et aussi, dès maintenant, de la ville de Constantinople…

Très vite, on va bien comprendre que la jeune héritière Constance va avoir une première adversaire en la personne de sa mère et régente, Alix de Jérusalem… Marina Dédéyan, romancière, a beaucoup fait pour la notoriété de cette femme du Moyen-âge avec son ouvrage, Moi, Constance, princesse d’Antioche. Depuis elle est le symbole d’une femme façonnée par l’esprit de la chevalerie et qui ose tenter de se faire une place dans un monde brutal d’hommes…

Jean-Pierre Pécau fait là œuvre de vulgarisation historique et je trouve cela remarquable au moment où certains reparlent de croisades avec beaucoup d’approximation et imprécision… quand ce n’est pas tout simplement avec moult erreurs et bêtises ! Ici, Constance est certainement plus proche de la vérité – mais qu’est-ce que la vérité dans le domaine historique – et c’est une excellente occasion de réviser un peu son histoire… Vous avez bien noté, je n’ai pas dit Histoire de France mais Histoire, tout simplement !

La narration graphique de Gabriele Parma est souple, légère, et elle nous fait oublier très vite que nous sommes dans une biographie… Elle traite cette histoire comme un roman, une épopée, une saga… Les couleurs de Dimitri Fogolin rendent le tout crédible et participent à nous faire voyager dans cet Orient proche et pourtant si lointain de nous, de nos préoccupations, de nos vies…

Une excellente bande dessinée qui devrait rapidement trouver sa place dans les CDI (centre de documentation et d’information) de collèges…