Deus Irae
de Philip K. Dick, Roger Zelazny (Co-auteur)

critiqué par FightingIntellectual, le 13 juin 2004
(Montréal - 41 ans)


La note:  étoiles
Duo au sommet, bravissimo!
Je dois vous avouer que ce livre trainait dans ma pile depuis un bout de temps. Le fait de voir un étranger empiéter sur le terrain de mon auteur favori(avec Haruki Murakami bien-sûr), me laissait suspicieux....la peur de l'inconnu quoi!

C'est mon confrère "chevalier de la sci-fi" Pendragon qui me mit la puce à l'oreille il y a quelques semaines en commençant des critiques de Zelazny. Je décidai de lui donner une chance...

Dick se spécialisant dans la science-fiction du "Si..." tandis que Zelazny semble trouver son forte dans le post-nucléaire...ce semblait un cocktail explosif...

En effet, j'ai été soufflé par l'onde de choc et je l'ai lu d'une traite....

Après la troisième guerre mondiale, qui se termina sur un horrible holocauste, Tibor McMasters est devenu un homme-tronc. Chose très désagréable puisqu'il est peintre. On le charge d'ailleurs d'une mission spéciale, retrouver Deus Irae pour en faire un portrait.

En fait, si la mission a l'air difficile d'ici, sachez que Deus Irae est un joyeux barjo du nom de Carl Lufteufel, haut fonctionnaire, qui déclencha la guerre nucléaire et qui jugea bon de se déifier par la bande. Maintenant ayant une hégémonie sur les survivants, il a acquis un statut mystique.

Le roman est l'histoire de Tibor et de son voyage, poussé par la force motrice... d'une vache! Le peintre étant en pleine crise de foie, il accepte quand même la mission, courant mille périls dans le nouveau monde aux allures torturés parmi de nombreux mutants dangereux....

Un des trois meilleurs livres qu'il m'aie été donné de lire!
Dieu et Zelazny 8 étoiles

Fervent lecteur de l'oeuvre de Zelazny depuis le cycle des princes d'ambre jusqu'au seigneur de lumière, c'est par hasard que je suis tombé sur Deus Irae. Je le confesse, j'ignore la plus grosse partie de l'oeuvre de K. Dick. Je connais simplement le nom et la réputation.
Si je me permet d'intervenir ici c'est que je ne suis pas tout à fait d'accord avec les commentaires que je vois au dessus. Je ne pense pas que ce soit une critique de la religion mais plutôt une description de la quête mystique de dieu, ou des dieux. C'est une relation entre le croyant et sa divinité. Alors que Pete cherche dieu dans les drogues et les transes hallucinatoires, Tibor part à sa rencontre dans le monde réel.
L'essentiel de l'oeuvre de Zelazny raconte cette relation de l'homme au divin. Le cycle des princes d'Ambre raconte l'histoire d'une famille que nous qualifierions de divine à travers des questions qui sont totalement humaines. Le cycle de Sandow conte comment un homme devient un dieu et le seigneur de lumière réadapte dans un univers de science fiction l'éveil du Bouddha. Un homme voulant imiter shyakamuni devient réellement lui.
C'est un roman, un conte initiatique dans lequel se retrouvent aussi des échos des légendes anciennes. La machine C et son lien avec les énigmes rappelle étrangement le sphinx qui terrorise Thèbes. Tibor rencontre un ver géant qui fait écho au dragon de l'or du Rhin ...
Les personnages parlent de religion, mais c'est pour montrer les différents chemins qui mènent à la connaissance des dieux. Ce livre est un très bon livre, mais il est loin d'être le meilleur de Zelazny. Si je connaissais davantage Dick je pourrais dire si il se rattache plus à l'un ou à l'autre, mais en tout cas il me semble tout à fait s’inscrire dans le système de entre mystique et science fiction qui est celui de Zelazny.

Gautama - - 37 ans - 16 février 2012


Deeeeus Irae, Deeeeeus Irae ! (ah non c'est Dies !) 7 étoiles

Mmmmh, je crois que j'ai acheté ce livre en vue de le lire car je connaissais Zelazny par le cycle des princes d'Ambre (que j'ai apprécié "convenablement"), et que j'étais ignorant de Dick. Bon, ce n'est probablement pas une lecture par laquelle commencer à lire Dick, mais tout de même, malgré que ce livre m'ait laissé perplexe - oui oui, c'est le mot - je l'ai terminé satisfait.

Oui, perplexe, car dès le début, je me suis senti... étrange. Dans le sens où je n'étais pas dans une histoire de SF toute bête et simplement racontée, et que le monde semblait très étrange (un peu le genre de sentiment qu'on peut avoir en lisant Vian). Non pas étrange parce qu'après la troisième GM, mais parce que la narration, et les personnages, sont étranges. Le monde, les animaux, tout... On ne comprend pas vraiment ce monde qui est né d'un holocauste provoqué par ce type qu'ils ont élevé au rang de Dieu.

L'histoire en elle-même, j'ai beaucoup aimé. Le fait que la nouvelle religion, née des décombres, a gagné la faveur (et la ferveur) des survivants, car ici, le Dieu était à visage découvert : un dieu de colère, qui existe, que l'on peut voir - et pour cause ! Tibor est chargé de le peindre, et pour ça, il va devoir le trouver et voir son visage. Le visage de dieu... les implications théologiques de ce livre sont sûrement importantes, bien que je pense n'avoir pas tout appréhendé.
C'est donc un pèlerinage, le seul, le vrai, l'authentique. Voir Dieu. Voir le Dies Irae. Et pendant ce voyage, nous allons découvrir le monde qu'a laissé Carlton Lufteufel, l'homme qui est derrière le Dieu. Un monde changé, qui n'a plus rien de... d'humain. De naturel.

J'aime le mélange de philosophie, d'originalité, et de Science-Fiction, d'aventure. Je pense que ce livre est beaucoup plus qu'un livre de SF.

Tommyvercetti - Clermont-Ferrand - 35 ans - 4 février 2010


Signification énorme 8 étoiles

Contrairement à mon collègue, je ne peux pas me vanter que ce livre soit l’un des meilleurs que j'aie lu. Puisque l'histoire est déjà dans la critique d'au dessus, je ne pense pas que ça soit utile de l'écrire à mon tour.

Mais je crois utile de vous dire en gros en quoi consiste le livre. Je trouve qu’il manque un peu d'action. La majorité du temps, ça se passe dans les pensées des personnages créés par les 2 auteurs. Ils sont souvent en train de philosopher sur le monde et la religion. Personnellement, je crois que les 2 auteurs, ou peut-être seulement l'un d'entre eux, a voulu mettre une emphase sur le sujet.

Personnellement, je vois là un critique de toutes les religions. Ils essaient de mettre en ridicule la fondation et surtout les grands moments des religions en disant : «Qu'est-ce qui nous prouve que ce que des gens croient hardiment ne serait pas que mensonge?»

Dans cette histoire, comme vous l'a décrite mon collègue, une nouvelle religion a vu le jour après la 3e guerre mondiale, la religion du Dieu de la colère (Deus Irae, en latin), l'homme qui a lancé les bombes qui ont déclenché l'holocauste. Cette religion est même en train de battre en popularité le christianisme aux États-Unis. Même à la fin du livre, on n’est pas certain que les fondements de cette nouvelle religion soit bien réels. Même la quête du personnage principal, un homme-tronc, en empruntant les mots de mon collègue, qui doit peindre l’homme qui incarne leur dieu est quelque peu basée sur le mensonge. Quand on songe à toutes les incohérences qui existent dans toutes les religions du monde, ça laisse un doute sérieux à la fin du livre…

En bref, chaque moment de ce livre veut tellement signifier qu’on n’est presque pas certain d'en connaître la signification. Pour ma part, je trouve que c'est en même temps choquant et fascinant. Mais je tiens à vous avertir : même moi, je pourrais me tromper sur la signification de ce livre, puisque je ne suis pas le meilleur des analystes.

Une petite critique que je souhaitais ajouter à tout ça serait que comme toujours, dans les livres de Philip K. Dick, c'est un monde que l'on voudrait plus voir, mieux comprendre et surtout, plus découvrir.

Par contre, quelque chose de sûr, c’est qu’à l’endos du livre, un commentaire exprime parfaitement l’influence que chaque auteur a apporté à ce livre :

« Philip K. Dick (1928-1982) et Roger Zelazny (1937-1995) ont marqué en profondeur la science-fiction moderne, l’un par la dimension philosophique qu’il a donnée au genre, l’autre en revisitant de façon originale les grands mythes de l’humanité (comme dans le fameux cycle des Princes d’Ambre)»

Vladquebec - Châteauguay - 39 ans - 23 septembre 2005