L'ironie de l'évolution
de Thomas C. Durand

critiqué par Colen8, le 4 janvier 2019
( - 83 ans)


La note:  étoiles
Théorie scientifique majoritairement rejetée ! Pourquoi ?
De l’atome d’hydrogène primordial apparu dans l’Univers à la macromolécule en double hélice de l’ADN existe un continuum. Aucune frontière tangible n’est observée entre l’inerte et le vivant, entre la structure élémentaire de la première cellule biologique et la complexité des vertébrés. Par conséquent, les biologistes n’ont pas de doute quant à la théorie de l’évolution formulée par Darwin, sans cesse confortée depuis un siècle et demi au fil des connaissances accumulées. Face à eux le camp des créationnistes et opposants à l’évolution naturelle campe sur des positions d’autant plus ancrées qu’elles s’abritent non seulement derrière les dogmes religieux encore très majoritairement partagés y compris chez les occidentaux, mais aussi qu’elles sont inhérentes à notre façon de penser.
Le cerveau, produit tardif de l’évolution(1), n’avait pas comme fonction principale d’être le siège de la pensée rationnelle. Fonctionnant en « mode binaire » discontinu et intuitif, des biais cognitifs apportant des avantages en termes de reproduction et de survie ont accompagné son développement. C’est là précisément qu’est l’ironie : les biais en question favorisent les perceptions au détriment des faits scientifiques surtout quand ceux-ci sont contre-intuitifs comme l’a été l’héliocentrisme en son temps. Les religions et leurs cortèges de rituels et de croyances considérées elles aussi comme une retombée de l’évolution par la psychologie évolutionnaire constituent un frein non moins puissant à l’acceptation de la théorie de l’évolution.
Derrière la légèreté du titre et de l’illustration de couverture le sujet est traité sans concession. Son objectif est moins de convaincre les opposants à la théorie, mission impossible, que d’expliquer à tous les autres les mécanismes sous-jacents à ces blocages mentaux qui retiennent les premiers d’accepter des faits et des preuves sous peine de voir s’écrouler leur vision du monde entretenue depuis des temps immémoriaux.
(1) Antonio Damasio – L’Ordre étrange des choses – La vie, les sentiments et la fabrique de la culture - CL