On savait la première guerre mondiale être une tuerie absurde, mais quand on se place sous la vision d’un tirailleur sénégalais qui est complètement déraciné et qui ne perçoit pas l’ombre d’un des enjeux de ce conflit qui n’est définitivement pas le sien, c’est encore plus accentué.
Alfa pleure la mort de Mademba, lui qui était plus que son frère, mortellement blessé, et qui le supplie de le laisser partir.
Alfa, parfaitement conscient des vœux de ses supérieurs mais incapable de s’exprimer en français, semble perdre la raison et s’adonne à un rituel sacrificiel en coupant la main de ses ennemis. Considérant à la longue ces pratiques comme une menace, il est envoyé sur l’arrière afin de se faire examiner par un médecin. Là il se remémore sa vie au Sénégal, sa mère, son père et la femme qu’il aime, jusqu’à ce qu’un drame survienne par faute de voir où sont les balises.
David Diop, dans un style poétique et ( faussement) naïf qu’on retrouve chez beaucoup d’auteurs francophones d’origine africaine dépeint un destin que tellement d’autres hommes du continent noir auraient pu vivre, loin de leurs antilopes.
Maintenant, est-ce l'abus de la répétition, l’appel maladroit à certaines formes d’imaginaire imprécis, des flash-back sur des courts termes, l’excès d’hyperboles, ou tout simplement la volonté de trop bien faire qui font que ce roman ne séduira pas tout le monde.
Pacmann - Tamise - 60 ans - 18 juillet 2019 |