Ils étaient juifs, résistants, communistes
de Annette Wieviorka

critiqué par Veneziano, le 11 décembre 2018
(Paris - 46 ans)


La note:  étoiles
Résister en étant Juif et résistant
Le rythme de vie de l'occupation battait plus vite pour les Juifs et les résistants, inévitablement, que pour le reste de la population française ; aussi les Juifs se préoccupaient-ils de sauver leur peau, craignant un sort dramatique, après s'être vu interdire l'exercice d'un nombre important de professions et contraindre à porter l'étoile jaune. Cet instinct de survie n'a pas échappé au Parti communiste, organe activiste de la Résistante avec les gaullistes et à l'appareil militant aussi puissant que déjà secret. Aussi cette rencontre d'intérêts, l'attirance pour le fondement intellectuel de la doctrine marxiste et la capacité d'action apparente de Staline ont-ils incité les Juifs à s'enrôler dans la Résistance communiste.
Cette historienne aussi spécialisée que reconnue retrace la biographie croisée de certains de ces militants et de leur famille. Ces parcours divulguent les méthodes, tant des réseaux clandestins que des rafles et contrôles d'identité. Ce récit apparaît très riche, parfois touffu, et permet de prendre conscience de manière concrète et empirique de l'existence matérielle et de l'engagement de ces personnages mus par l'instinct de survie et la volonté d'engagement. Aussi le maître-mot de l'époque était-il de minorer le mal juif, afin de l'assimiler à celui du reste de la population, pour lui donner plus de force.
Enrichissant, déconcertant, fort dense historiquement, politiquement et psychologiquement, ce livre offre une possibilité renouvelée du devoir de mémoire et d'hommage à des victimes un peu moins désincarnées, et ici héroïques de surcroît, indépendamment de ce que chacune et chacun ait pu penser de la tonalité et de la tendance de leur engagement.