Bleu de Prusse
de Philip Kerr

critiqué par Tanneguy, le 5 décembre 2018
(Paris - 85 ans)


La note:  étoiles
La fin de Bernie Günther ?
Ce roman vient de paraître après la mort de Philip Kerr, cela me rend nostalgique, ayant apprécié régulièrement ces récits plus ou moins historiques centrés sur le nazisme. Ce volume ne fait pas exception, en racontant deux évènements distincts auxquels Bernie Günther se trouve impliqué : l'un en 1939, alors que Hitler s'apprête à attaquer la Pologne, l'autre en 1956 : la fin de la guerre n'empêche pas les anciens nazis de prospérer au sein de la STASI, véritable Gestapo communiste qui n'hésitait pas à collaborer activement avec certains pays comme la France grâce aux puissants relais communistes.

Comme d'habitude bien des faits relatés ne paraissent pas très crédibles mais le contexte historique est rigoureux (voir en fin de volume une liste des principaux personnages évoqués), et l'ensemble est agréable à lire (plus de 650 pages quand même…).


Le crime que Bernie Günther doit résoudre en 1939 s'est déroulé à Berchtesgaden dans le nid d'aigle de Hitler ce qui est l'occasion de descriptions originales
Bernie Gunther au Berghof 8 étoiles

Avril 1939. Un crime a eu lieu sur la terrasse du Berghof, la résidence secondaire de Hitler sur l'Obersalzberg, montagne des Alpes bavaroises à proximité de Berchtesgaden. La victime est un ingénieur qui participait à une réunion avec des collègues. Or le maître du Troisième Reich doit arriver au Berghof dans une semaine pour fêter son cinquantième anniversaire. Bernie Gunther est chargé de faire toute la lumière sur ce meurtre.
Le regretté Philip Kerr avait du talent. Un très bon roman.

Ravenbac - Reims - 59 ans - 20 août 2020


En haut de la montagne 5 étoiles

C'est un Bernie inégal, et pas forcément du meilleur cru hélas. Philip Kerr renoue avec le côté Cluedo de Prague Fatale (qui n'était déjà pas terrible), mais le cadre du Berghof permet des descriptions et une immersion fascinante dans la tanière du loup. Ce qui pèche c'est une intrigue assez faiblarde qui se traîne, et les allers-retours avec 1956 assez artificiels et encore plus faibles dramatiquement. Dommage. Car le style Bernie fonctionne tout de même à plein entre saillies ironiques et autres hard-boiled dialogues. On s'amuse, et on s'ennuie.

Gilliard - la Ville Lumière - 49 ans - 7 décembre 2019


Vert glauque 3 étoiles

J'avais apprécié la "trilogie berlinoise" et la suite "La mort, entre autres" pour l'époque (1936 - 1948) et les lieux (Berlin, Vienne, Munich), mythiques de la montée et de la chute du nazisme, toile de fond appuyée sur une documentation solide, malgré la faiblesse de l'intrigue et un style quelconque (et je ne parle pas de la traduction !).
Ici, tout est faible et le citron pressé à fond sur 650 pages dont beaucoup d'inutiles. Les rivalités entre dirigeants nazis ne sont qu’esquissées sans aucune étude de caractères ! L'alternance entre deux époques n'apporte rien ni à l'intrigue policière, ni à l'analyse (pseudo)historique, et les passages "1956" permettent juste à l'auteur de vomir sa bile contre les Français, les Anglais, et tout ceux qu'il n'aime pas de façon assez primaire ! Heureusement, le style est fluide et le roman facile à lire. Beaucoup de mésusages lexicaux dans la version française.
Moi, je me suis lassé ! Désolé de contredire Tanneguy et Pacmann, deux contributeurs de ce site dont je suis régulièrement les critiques ...

Homo.Libris - Paris - 58 ans - 11 août 2019


Du nid d'aigle à la STASI 6 étoiles

Ce roman clôt non par le décès du héros, mais par celui de son auteur, l’épopée de l’inspecteur Bernie Günther qui nous conte au départ d’un présent (1956), une enquête réalisée en avril 1939 dans l’Obersalzberg, là où se situait le fameux Nid d’Aigle du Führer.

Pour 1956, on est dans la suite de « Piège de l’Exil », où Bernie, concierge d’un hôtel sur la Côte d’Azur, est forcé à commettre un assassinat par d’anciens collègues devenus des affidés de la STASI. Il s’extirpe de cet étau au prix d’une errance à travers la France et la République fédérale allemande.

L’épisode d’avril 1939 qui concerne l’essentiel du roman, reprend la recette habituelle, soit mettre en présence notre héros avec des nazis connus, en l’occurrence Reinhard Heydrich, sans doute celui qui exerce la plus grande fascination chez l’auteur, mais ici surtout Martin Bormann et Rudolph Hess.

Comme à son habitude, Philip Kerr décrit avec la même verve les petites combines, les rivalités et les complots avec comme toile de fond, une enquête policière portant cette fois sur l’assassinat d’une petite main de la machine fasciste dans le lieu de villégiature d’Adolphe Hitler.

On reprend un peu la recette de « Prague fatale », mais en étalant la confiture sur 650 pages ; objectivement on aurait donc pu faire plus concis, même si je ne me lasse jamais.

Pacmann - Tamise - 59 ans - 14 mars 2019