Romans, tome 1 : Un général sudiste de Big Sur - La Pêche à la truite en Amérique - Sucre de pastèque
de Richard Brautigan

critiqué par Cuné, le 12 juin 2004
( - 57 ans)


La note:  étoiles
Dommage... pour moi !
Ce roman fait en fait partie d'un recueil de 3 romans de Brautigan, Un général sudiste de Big Sur, La pêche à la truite en Amérique, et Sucre de pastèque.

J'ai lu le 1er en entier, le 2° à moitié, le 3° survolé.

J'ai beaucoup entendu parler de Brautigan. Philippe Djian par exemple lui voue un culte. Et effectivement on trouve ici tout l'univers de Djian. Mais c'est trop.... "dégenté" pour moi. Le général sudiste m'a plu cependant parce qu'il y a malgré tout une histoire. Délirante, mais construite.

L'histoire : Jesse rencontre un jour Lee Mellon. Après quelques péripéties, ils se retrouvent à vivre dans une cabane très improbable, comme des sauvages, au bord d'une mare à grenouille qui leur gâchent les nuits. Ils ont faim. Ils sont barges Viendront se greffer 2 filles, un véritable cinglé, 2 animaux sauvages dont un en promotion .... et il y plusieurs fins possibles.


Ah oui, je l'avais dit, flyé.
Et encore, ça c'est intelligible donc. Même souvent drôle d'ailleurs.
Mr Brautigan avait une sacrée plume.

La pêche à la truite, c'est beaucoup plus décousu. Et pourtant, c'est ce roman écrit en premier mais édité en 2°, qui lui vaudra la reconnaissance du public et la fortune. Il en est devenu un écrivain culte de la génération "Woodstock".
Enfin Sucre de pastèque, je ne peux pas vraiment en parler je n'ai pas réussi à accrocher assez longtemps.

Je connais beaucoup de gens qui pensent que Brautigan était un génie. C'est sûr que certains (es) vont l'adorer.Je suis navrée de passer à côté. Je suis cependant très heureuse d'avoir tenté, et je trouve que Marc Chevrier qui fait la préface et annote les 3 romans dans cette édition est très intéressant et nous explique bien les choses et les circonstances. Il aimait Brautigan et ça se sent.

Je retenterai un autre titre quand même
Certainement Mémoires sauvés du vent
Fou juste comme il faut ! 9 étoiles

Dans le livre que j'ai lu (collection 10/18) il n’y a que sucre de pastèque et la pêche à la truite en Amérique. Alors ma critique est plus partielle que les deux précédentes.

Décalé. Oui !et Quelle respiration, quelle syntaxe !

Incroyable - déstructuré mais pas trop. On plonge, on y met ce qu'on veut - demain en le relisant j'y mettrai autre chose. Liberté contrainte. Brautigan manie avec brio les contraires, invite à se perdre dans les méandres de son imaginaire et du nôtre.

La pêche à la truite est tour à tour une personne, un lieu, un évènement, une envie... comme vous voulez choisissez !

Alors oui je comprends Cuné qui n'aime pas mais comme le souligne Yali, Brautigan réinvente la littérature. Expérience incroyable.

Et puis effectivement, moi aussi, lecteur passionné, fasciné par les mots, je donnerai bien volontiers une vie pour écrire cette phrase incroyable « Les mains c'est très gentil, surtout quand elles reviennent de faire l'amour » Oh, il y en a bien d'autres qui valent une vie dans ce livre mais celle-ci reste fascinante.

Gentiment déjanté !

Ulrich - avignon - 50 ans - 30 mars 2005


Passé à côté, mais de très loin :) 8 étoiles

Ce livre comprend deux petits romans, et un RECUEIL de récits : « La pêche à la truite en Amérique »
Pardon Cuné, je reprends tout, n’y voit pas d’irrévérence, mais je préparais ma critique, m’apprêtais à la poster lorsque ! Alors tant pis pour la sieste.
Un général sudiste de Big Sur.
Brautigan y fait ses premières armes en tant que romancier, joue avec son époque, le temps. Il n’y réussit pas tout le temps. C’est une œuvre «Premiers pas», délirante, c’est vrai, mais tout comme l’époque l’était. Ici, il mélange littérature et passion, passion parce que Brautigan deviendra plus tard un spécialiste reconnu de la guerre de Sécession. Il ne fera jamais plus cette erreur. Bref une œuvre de jeunesse sans grand intérêt si ce n’est comme complément à l’ensemble, disons une œuvre pour amateurs, mais rien de plus.
La pêche à la truite en Amérique :
Recueil de récits donc, qui préfigure le Brautigan de Tokyo Montana Express. Un bijou de renouveau littéraire, de respiration grammaticale, d’exaltation syntaxique, un truc à vous dire : c’est vrai que depuis Hemingway les USA attendaient un écrivain, ben le voilà.
Sucre de pastèque :
Je comprends qu’on puisse ne pas aimer un monde fait de sucre de pastèque, un monde où les truites, gardiennes des sépultures, philosophent avec les yeux, et qui, tapies entre deux eaux, se tiennent au courant de la condition humaine. Seulement, ce roman-ci, vous ancre des phrases dans le cœur à tout jamais :
« Les mains c'est très gentil, surtout quand elles reviennent de faire l'amour.».
Et ça, moi, j’aurais donné «dix milles vies pour l’écrire. J’essaie de vous dire ça en vous regardant en face. Vingt mille. Au fond, je ne m’écœure pas du tout…».
Encore un petit commentaire, je n’ai jamais retrouvé dans l’œuvre de Djian l’univers de Brautigan, ou alors nous parlons de cette petite musique qui berce pendant lecture et vous balance dans les étoiles ? Djian ne voue pas un culte à Brautigan, c’est un peu exagéré, non, disons qu’il partage l’opinion de ceux qui considèrent Brautigan comme l’auteur Américain de la seconde moitié du 20è siècle. Brautigan réinvente la littérature, mais dans ces trois tentatives, il en est au début, et donc, quatre étoiles comme marchepieds aux cieux !

Yali - - 60 ans - 16 juin 2004