Totems et tributs
de Ben Parva

critiqué par Débézed, le 20 novembre 2018
(Besançon - 77 ans)


La note:  étoiles
Articologie littéraire
Avant de découvrir ce recueil, je ne connaissais rien de cet auteur, heureusement l’éditeur a eu l’excellente idée de placer au début de cet ouvrage une biographie fort instructive de l’intéressé. On y apprend beaucoup de chose notamment que l’auteur a connu la consécration en 2016 « quand son nom est cité au mariage d’un ami de sa sœur ».

Ce recueil comporte une bonne dizaine de pastiches d’auteurs qui auraient pu exister ou d’œuvres qui auraient pu s’insérer dans des périodes historiques bien définies. Comme si Parva avait voulu réécrire l’histoire à travers des références historiques et littéraires qu’il semble particulièrement bien connaître, tout en les revisitant à sa sauce proche de celle des surréalistes. Ces textes sont absolument délirants, ubuesques (au sens le plus propre du terme), même s’ils évoquent toujours des œuvres littéraires ou des faits historiques ou mythologiques bien réels.

Derrière cette bonne grosse rigolade, il a une vraie œuvre littéraire soutenue par la très fine culture de l’auteur, de la poésie, de la satire et surtout une remise en cause des systèmes philosophiques proposés par les philosophes de télévision que Jean Dutourd mettait déjà en cause dans « Les dupes » récemment réédité, tout comme Alain Guyard dans « Natchave ». Deux ouvrages que j’ai eu le plaisir de lire récemment et dont j’ai redécouvert le thème principal dans cette satire de Ben Parva. « … et si la philosophie n’était que l’art de bâtir un système et d’y faire entrer l’univers de force et coûte que coûte ? ». Cette question pourrait bien réunir ces trois septiques.

Tout en puisant dans l’histoire, l’auteur n’élude rien des problèmes actuels notamment pas celui des migrants qu’en quelques vers il résume :

« Si loin du pays natal
Le monde est incompréhensible
Tout est murmure
… »

Et, celui des problèmes sociétaux qui n’agitent pas que nos banlieues at autres quartiers dits chauds. Pour eux, il propose une solution où j’ai cru lire un brin d’ironie et peut-être même un peu plus, une belle rasade. « Le but de la justice, en Utopie - …. – n’est pas tant de punir que d’aider l’inadapté à s’adapter. Ainsi, au lieu de l’éliminer à la première incartade, l’Etat lui élève de couteux camps de redressement où une équipe compétente et humaine le reprogrammera fraternellement, avant de lui permettre de retrouver la société idéale en laquelle il s’épanouira de gré ou de force ». Et si ce n’était pas de l’ironie mais seulement un rappel historique.

Et voilà sous son apparence douce et rigolarde la farce tourne à la satire, à l’ironie corrosive, et finit par nous laisser avec les éternelles questions auxquelles personne n’a jamais pu répondre : « Qui suis-je ? Que suis-je ? Que pensé-je ? ».