Le Corbusier
de Jean-Louis Cohen

critiqué par Vince92, le 1 mars 2019
(Zürich - 47 ans)


La note:  étoiles
Architecte protéiforme, artiste complet
A l’origine issu d’une formation de graveur, et se destinant à la confection de décors de boitiers de montres, Le Corbusier va rapidement évoluer vers d’autres cieux, délaissant l’industrie horlogère spécifique à son pays, La Chaux-de-fonds en Suisse. Il est dirigé vers les arts décoratifs et l’architecture et participe à la construction et à la décoration de maisons dans sa ville natale. Influencé par les frères Perret, Le Corbusier va rapidement devenir une référence de l’architecture moderne avec Loos, Wright et d’autres noms emblématiques des années 20-50.
Ce livre des éditions Taschen présente une monographie des œuvres emblématiques de l’architecte suisse devenu français. Son auteur, Jean-Louis Cohen, le fondateur de la Cité de l’Architecture à Paris a effectué un choix parmi les œuvres de Le Corbusier qui se révèlent les plus importantes dans sa production. De ses premières maisons à La Chaux-de-fonds à son unité d’habitation de Marseille, de son cabanon de Roquebrune à la Chapelle de Ronchamps, l’étude de Jean-Louis Cohen est proche de l’exhaustivité et aucune des constructions majeures n’est oubliée.
Si les premières réalisations de Le Corbusier restaient relativement classiques (Villa Schwob, Villa Jeanneret,…), bien vite l’architecte se démarque en composant des bâtiments plus innovants (Maison de ses parents sur le bord du lac Léman, maison Citroan) et, devenu célèbre va être engagé dans des projets plus ambitieux (Chandigarh). Théoricien autant qu’artiste, il aura de multiples occasions d’adopter ses principes dans ses réalisations et surtout se démarquera de ses pairs par la multiplicité de son expression : autant architecte que designer, que peintre, Le Corbusier est le modèle de l’artiste complet.
Le format de l’ouvrage est un peu frustrant. La plupart des bâtiments occupent une double page, texte et photos. De fait, il est évident que la contrainte physique qu’impose l’éditeur à ses auteurs va générer des raccourcis et empêcher le développement des explications sur les caractéristiques des immeubles étudiés.
Par ailleurs, l’auteur ne parvient pas toujours à sortir de ce jargon des critiques d’architecture qui échouent souvent à démocratiser leur discipline. Au-delà d’un vocabulaire architectural spécifique, les livres traitant de cette discipline cherchent toujours à édifier leur lecteur et sont inutilement complexes. Taschen s’est fait fort dans le passé de vulgariser l’accès à la connaissance architecturale pour un public d’amateurs mais non professionnel, la maison d’édition allemande y parvient seulement en partie avec cette Petite Collection 2.0. Un effort supplémentaire de simplification des textes serait bénéfique tout en augmentant la pagination dédiée à chacune des œuvres afin de faire figurer plus de plans et plus de photographie par exemple.
Je doute cependant que le livre soit le meilleur moyen de transmettre de façon pédagogique la connaissance architecturale : une émission de télévision comme « architectures », plus dynamique, plus didactique me semble plus appropriée pour appréhender les spécificités architecturales d’un bâtiment.