Une vie de pierres chaudes
de Aurélie Razimbaud

critiqué par TRIEB, le 1 septembre 2018
(BOULOGNE-BILLANCOURT - 73 ans)


La note:  étoiles
L'ALGERIE AU FIL DE L'HISTOIRE
Dans ce roman, ce sont plusieurs époques de l’histoire de l’Algérie et de la France que traversent les personnages: Antoine, Florence , Rose , Louis. Ils sont d’abord évoqués dans leurs vies de l’Algérie de Bouteflika, celle des hydrocarbures, du tiers-mondisme triomphant, celle où Alger était une métropole organisant des réunions internationales prestigieuses. Les descriptions des paysages sont sobres, justes, et ne tombent pas dans le piège d’imiter Camus , Roblès , ou Louis Gardel. Cadres dans l’industrie pétrolière, ou sans emploi, nos participants à cette Algérie sont inquiets, toutefois : il est question de nationaliser la Sonatrach, cette société chargée de l’extraction pétrolifère. L’habileté d’Aurélie Razimbaud est de procéder à des retours en arrière, à l’Algérie de la guerre, en 1959 à Tizi-Ouzou en Kabylie, ce lieu où l’un des personnages du roman confesse, à la fin, avoir pratiqué la torture sur un prisonnier du FLN. Mais c’est aussi l’Algérie et la France de l’année 1973 qui retient l’attention de la romancière: crise migratoire , déjà ! Agressions racistes contre des immigrés algériens dans le sud de la France. Les personnages sont dépeints de manière nuancée, par leur mode de vie, leur quotidien. Leurs vies familiales, marquées entre autres par l’adoption d’un enfant algérien par l’un des personnages, sont aléatoires, fragiles et incertaines. C’est une bonne mise en perspective des relations et des conflits franco algériens.
L’auteure a raison: la vie, un flot de vagues, des cris d’enfants sur la plage nous relient bien plus à la vraie vie que la guerre. Pour un premier roman, d’Aurélie Razimbaud, c’est un bon début. Auteure à suivre.