Carnaval noir
de Metin Arditi

critiqué par Veneziano, le 24 août 2018
(Paris - 46 ans)


La note:  étoiles
Une intrigue de près de cinq siècles
En 1575, une série de meurtres ont eu lieu pendant le carnaval de Venise, qui est resté dans les esprits comme le Carnaval noir. Par ailleurs, voire concomitamment, un scandale a éclaté au sujet d'un tableau de Paolo Il Nano, élève du Titien, représentant le Christ avec douze doigts, six par main, sur un thème zodiacal, près d'un lac. Une secte ultra-conservatrice a vu le jour qu'un nouveau messie pourrait voir le jour, en portant la même anomalie physique. Le peintre de la Renaissance est tombé en disgrâce pour blasphème.
Or, en ce début de XXIème siècle, le père Bartolomeo, comptant douze doigts, s'est hissé à la tête d'une congrégation d'extrême droite désireuse de lutter contre la guerre proclamée par l'Islam menaçant d'envahir l'Occident chrétien. Aussi une doctorante faisant des recherches sur la secte médiévale arrive à faire un lien avec le tableau disparu, alors que la congrégation commence à refaire surface. L'intéressée, Donatella, est retrouvée noyée dans la lagune de Venise, et sa directrice de recherches suivra. Pendant ce temps, Benedict Hugues, professeur de latin médiéval en Suisse, s'intéresse également au sujet et se retrouve menacé, comme toutes les personnes amenées à se pencher sur ces thèmes. L'intrigue monte jusqu'au Vatican, avec un projet d'élection d'un nouveau Pape.
L'enquête policière bat bon train, les intrusions forcées et vols ne manquent pas, ni les menaces et violences, jusqu'à ce que tout soit mis au clair. Sombre et sanglant, ce roman reste haletant et bien mené, l'écriture est menée d'un ton fluide ; la narration passe vite d'une ville à une autre et multiplie les rebondissements. Ce livre ne manque pas de souffle. Il est intéressant et fait passer un assez bon moment.
Quand l'obscurantisme est à l'oeuvre 6 étoiles

Je reconnais bien volontiers que CARNAVAL NOIR est un roman solidement documenté qui témoigne d'une grande érudition, d'un talent pour mettre en relation des faits du présent et du passé mettant en jeu les domaines de l'art de la politique et de la religion, d'une habileté à mêler polar et histoire et à distiller un suspense qui grandit au fil de la lecture.

Je suis toutefois au regret d'avouer que ce livre ne m'a pas vraiment accrochée .
La construction narrative éclatée, les va et vient géographiques et chronologiques, la multiplicité des personnages, tout cela m'a un peu étourdie .
Il est vrai aussi que mon temps de lecture s'est étalé sur quatre soirées et que à chaque reprise, j'ai dû faire le point pour me resituer dans l'action et relier les faits, reconstituer ainsi ce qui m'apparaissait comme un puzzle.

Venise au 16e siècle , la peinture religieuse ….......je m'attendais à retrouver l'émotion ressentie lorsque j'avais découvert LE TURQUETTO !
Metin Arditi reste toutefois pour moi un écrivain majeur que je suis depuis une dizaine d'années et dont je m'empresserai de découvrir le prochain opus dès qu'il sortira .

Alma - - - ans - 30 octobre 2018