Sumerki
de Dmitry Glukhovsky

critiqué par Pucksimberg, le 19 août 2018
(Toulon - 44 ans)


La note:  étoiles
Quand le monde des Mayas rencontre Moscou ...
Dmitry Alexeïevitch fait des traductions afin de gagner sa vie. A l’agence, on ne lui propose qu’un texte espagnol, langue qu’il ne maîtrise pas parfaitement, mais le besoin d’argent pressant le pousse à accepter ce travail. Arrivé chez lui, il découvre un chapitre d’un très vieux manuscrit. Il n’obtiendra les chapitres à traduire qu’au fur et à mesure par son agence car les textes sont livrés au compte-gouttes. Ces vieux textes relatent une expédition dans le Yucatan au XVIème siècle. Il s’agit d’une expédition orchestrée par le prêtre franciscain Diego de Landa. Il fallait récupérer des statues mayas, de vieux manuscrits afin de les faire disparaître et asseoir le catholicisme. En réalité, cela va bien plus loin … En avançant dans son travail, des événements étranges se déroulent dans l’environnement du narrateur comme si le contenu du vieux texte parasitait le monde dans lequel Dmitry vit …

Ce roman est assez captivant et est un véritable page-turner. L’écriture est vraiment accessible et vise à attiser la curiosité du lecteur. Le choix de faire se télescoper Moscou et le monde des Mayas est déjà très audacieux. Exploiter leurs croyances et les prédictions de cette population n’est pas vraiment novateur, pas inintéressant non plus … La première partie du roman permet de planter le cadre tout en suscitant parfois un peu de lassitude. En effet, le lecteur a accès aux textes traduits par Dmitry et aux commentaires et réflexions qu’il fera sur ceux-ci. Sur certains sites internet, certains lecteurs affirment à ce sujet qu’ils ont l’impression que l’auteur les prend pour des imbéciles en commentant ces extraits. Je ne l’ai pas ressenti comme tel. Ce sont les passages où l’auteur veut susciter de la curiosité, de l’inquiétude de la part du lecteur. Il souhaite que l’on ait envie de poursuivre son roman. Ces passages-là m’ont moins séduit tout de même. La deuxième moitié m’a vraiment intrigué. Je me suis laissé porter par ce roman et cette histoire bizarre. L’auteur dissémine dans ce texte quelques remarques philosophiques et c’est ce qui fait la force de cette œuvre à mon sens.

Les passages fantastiques sont réussis. Certaines pages scotchent complètement le lecteur et l’angoisse du personnage principal est partagée avec le lecteur. On ne tombe pas dans le grand-guignolesque. Mieux vaut suggérer que trop montrer et tomber dans le ridicule. Comme dans les textes littéraires fantastiques classiques, on en vient souvent à douter de ce qui est décrit. On émet plusieurs hypothèses et celle que choisit l’écrivain est convaincante. J’aime beaucoup la fin et la réflexion qu’elle permet. Je n’en dis pas plus pour ne pas gâcher le plaisir de futurs lecteurs.

L’écriture est simple, le va-et-vient entre le vieux manuscrit et les analyses du narrateur ne sont pas le point fort du roman, mais l’histoire est prenante, le fantastique est bien retranscrit, le personnage principal suscite l’intérêt du lecteur et les réflexions permises par ce roman sont vraiment intéressantes. J’ai très envie de lire « Métro 2033 » et d’autres textes de cet auteur.