Et nous ne vieillirons jamais
de Jennie Melamed

critiqué par Alma, le 27 juillet 2018
( - - ans)


La note:  étoiles
Est-ce ainsi que des femmes vivent?
Une île dont on ne connaît ni le nom ni l'emplacement exact (vraisemblablement au large des côtes des Etats Unis …) , un île qui vit en autarcie, coupée du monde extérieur « les terres perdues », selon des rites hérités du temps des patriarches fondateurs de cette communauté « divins hommes du temps jadis » qui veillent désormais sur les mortels .
La « tradition » est le terme qui régit son quotidien, elle est gravée dans « Notre Livre », le seul ouvrage jamais écrit sur l'île, le seul ouvrage qui y est toléré . On s'y réfère sans cesse , en particulier pour justifier l'immobilisme et couper court à toute envie de changement.

Car il ne fait pas bon y naître fille.....D'abord entièrement soumise aux désirs de son père pendant l'enfance, aux désirs des hommes de la communauté à partir de sa puberté, enfin épouse docile d'un mari omnipotent, toujours enfermée dans un statut d'être inférieur indigne de recevoir toute éducation autre que religieuse.

Un jour pourtant, un groupe de filles ose contester l'ordre établi de cette société sclérosée, décide de s'isoler dans un coin isolé de l'île, de créer une sorte de phalanstère féminin pour échapper au destin qui les attend. « Et nous ne vieillirons jamais » , tel est leur rêve .
On devine que leur volonté de sécession sera mal accueillie et sévèrement réprimée.....

Un ouvrage qui concentre dans un île : lieu clos et isolé, toutes les discriminations que peuvent subir les femmes . Un ouvrage dense, riche, aux personnages attachants mais, à mon sens, trop long, notamment dans les dialogues qui auraient gagné à être plus resserrés . Un ouvrage poignant, certes, mais présentant souvent des scènes d'une cruauté presque insoutenable.

Un roman dystopique parfois cauchemardesque, une sorte de longue parabole sur le sort réservé aux femmes dans certaines régions du monde. Plaidoyer en faveur de leur dignité, de leur droit à l'éducation et violent réquisitoire sur le poids de la tradition et de la toute puissance accordée aux êtres de sexe masculin .
Si cette parabole m'a semblé un peu bavarde, elle a cependant le mérite de confronter une société à ses mensonges et à ses fautes .